François Béharel, président Randstad France : "Chercher plus large grâce au big data"

Sylvia Di Pasquale

Un nouvel outil d’analyse aide les entreprises à élargir leur sélection de candidats. Il oriente sur les compétences et pas seulement sur l’intitulé de fonction. Interview du président de Randstad France sur cette solution qui met le big data au service du marché de l’emploi.


Est-ce que les algorithmes calculateurs peuvent venir à bout du chômage ? Ou du moins le réduire ? François Béharel le pense. « Dans certaines parties de notre activité, nous n’arrivons à satisfaire qu’une commande sur deux car nous ne trouvons pas les compétences. » Pour éviter ce gâchis et ouvrir de nouvelles portes aux candidats, le patron de Randstad en France mise sur l’analyse de mégadonnées – le big data – en partant d’un constat. « Il faut arrêter de focaliser sur les intitulés de fonction des candidats et plutôt partir de leurs compétences ». Un comptable cherche un poste de comptable, qu’il ne trouve pas. « Mais il peut exercer beaucoup d’autres métiers dans la finance » qui nécessitent des compétences similaires. « Et côté recruteur, on l’incite à repérer des profils qui possèdent 75 ou 80 % des compétences recherchées. » Pour les débusquer, il faut mouliner. Et c’est le rôle du super calculateur : faire coïncider les compétences gravées dans les CV des trois millions de postulants qui sont inscrits chez le spécialiste de l’intérim et du recrutement avec celles des offres disponibles sur le marché. « Nous avons plus de 1 000 qualifications dans notre base et 11 000 compétences ». La solution est également enrichie de données publiques (Insee, Pôle emploi, etc.) et de celles de fournisseurs externes.

Pour mettre au point cette grosse machine, Randstad s’est appuyé sur le savoir-faire d’Oracle pour la partie technologique et de Capgemini pour la partie accompagnement du projet. Leurs experts ont travaillé pendant deux ans à cette solution révolutionnaire. « Au final, nous sommes capables de cartographier l’ensemble des offres et des besoins en France pour chaque bassin d’emplois. » Et de passer à l’action puisque l’outil est disponible depuis une simple tablette que les collaborateurs de Randstad emportent chez leurs entreprises clientes. Une demande de leur part appelle immédiatement une réponse. Elle ne correspond pas toujours au profil standard mais aux compétences souhaitées. « Nous mettons à jour la partie immergée du marché de l’emploi ». Les entreprises sont-elles prêtes à ce grand chamboulement ? « Lorsqu’il y a une pénurie sur une fonction, nécessité fait loi, et elles ouvrent leurs chakras », se persuade le patron de Randstad.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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