Frédéric Taquet : "Lâcher prise et faire confiance aux salariés"

Sylvia Di Pasquale

Né d’un regroupement d’enseignes de prêt à porter, Happychic implique ses salariés dans ses transformations notamment grâce à sa « nursery des possibles ». Son DRH compte aussi innover en organisant les entretiens d’embauche directement dans les magasins.

Faire de l’humain le pilier de l’entreprise ? Ce type de discours formaté, peu d’entreprises le concrétisent. Il y a deux ans, Frédéric Taquet s’y est attelé. Le DRH du groupe Happychic, qui gère 4000 salariés des enseignes Jules, Brice et Bizzbee, a tout bonnement révolutionné la façon de travailler dans ce groupe de mode masculine en « lâchant prise et en faisant confiance aux salariés ». Par choix ? « A dire vrai, par obligation. »

Réfléchir à la posture managériale

En 2010, le groupe venait d’intégrer une nouvelle marque. Il fallait reconstituer une équipe. Et construire un nouveau siège, basé à Roubaix, dont le DRH a été… le maître d’œuvre. « Mon DG m’a fait confiance… Il participait au comité de projet et des architectes veillaient. » Tout de même. Ce grand chantier en appelait un autre. « J’ai demandé aux managers de réfléchir à une autre manière de travailler. » Des réflexions, au départ avec dix salariés, qui ont engendré une naissance, celle de la « nursery des possibles ». Une dénomination poétique pour des actions concrètes.

Partager ses idées et les tester en groupe

« C’est très simple : toutes les 6 ou 8 semaines, on invite les salariés du siège à émettre des idées innovantes, même si elles ne concernent pas leur service. Chacun d’eux la présente devant dix "généreux donateurs" qui l’aident à la peaufiner en deux heures. » Parmi la vingtaine de projets travaillés, l’un d’eux démarre ces jours-ci : « Nous travaillons désormais la qualité perçue par le client. » Une notion largement utilisée dans l’industrie automobile, qui permettra aux clients Happychic d’évaluer au doigt et à l’œil la qualité, réelle ou supposée, d’un vêtement. « Cette nursery accélère la naissance des projets. Les salariés se sentent reconnus par l’entreprise, qui les écoute et leur donne envie d’innover.»

Casser les codes

Prochainement, elle va s’atteler aux méthodes de recrutement. « Nous devons embaucher 700 personnes l’an prochain car nous allons ouvrir entre 40 et 50 magasins, dont une vingtaine en France. Mais nous voulons innover dans nos recrutements. » Car l’entretien classique dans un bureau ne convient plus au DRH de Happychic. « Face à un vendeur qui sait raconter une belle histoire autour du produit, le client achète. C’est cette capacité que je veux évaluer.» Pas simple. Alors il envisage, avec son équipe de réaliser les entretiens directement dans les magasins, au milieu des produits. Histoire de casser les codes pour les réinventer.

Par Sylvia Di Pasquale @ Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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