Gal B. Royal (Armée de terre) : "70% des recrutés seront des soldats combattants"

Sylvia Di Pasquale

En pleine guerre au Mali, l’armée de terre française vient de lancer une campagne de recrutement d’envergure. Cette année, 10 000 nouvelles recrues sont attendues. Explication avec le général Benoît Royal, son responsable du recrutement.

Quand le taux de chômage dépasse les 10%, recruter pour une armée de métier ne semble, à priori, pas très compliqué. « Il n’a pas d’incidence directe, coupe le général Benoit Royal. En 2008, c’était effectivement le cas. Mais aujourd’hui, 10% seulement de nos recrues sont des chômeurs. » L’officier sait de quoi il en retourne.

« Il faut rassurer les parents »

Responsable du recrutement pour l’Armée de terre, il souhaite enrôler 10 000 soldats cette année. Et pour y parvenir, il déploie sa stratégie en bon Saint-Cyrien. Via des spots TV, des affiches et sur le Web, en s’adressant pour la première fois aux parents des « enfants » attirés par les armes. « Il faut les rassurer. Ils s’inquiètent, c’est normal, et nous leur apportons des réponses pour la première fois sur notre site.» D’autant plus que cette campagne de recrutement démarre au moment même où s’engage la campagne du Mali. « Et qu’environ 70% des recrutés seront des soldats combattants.» Des soldats dont le niveau scolaire monte d’année en année : « 37% de ceux qui nous ont rejoints l’an passé avait un niveau bac à bac+5.» Même si le gros de la troupe s’est plutôt limité à un CAP.

Une quête de sens

Ces juniors, il faut les convaincre de s’enrôler. C’est tout l’objet de la nouvelle campagne. « On ne peut pas parler aux jeunes comme avant. » Le slogan « devenez-vous même » utilisé lors de la précédente campagne est devenu « pour moi, pour les autre, s’engager ». La quête de sens ajoutée à la promesse d’épanouissement personnel. « Car les jeunes d’aujourd’hui veulent être utiles, et le métier de militaire par essence est un métier de service. » Ils sont également imprégnés des codes des jeux vidéo dont certains sont ouvertement guerriers. Une motivation supplémentaire pour postuler ? Le général Royal s’en défend : « Ce sont les jeux vidéo qui s’inspirent de nous, pas l’inverse. La guerre n’est pas un jeu. » Une réponse qui prend une résonnance particulière à l’heure de la polémique entourant un soldat français surpris au Nord du Mali affublé d’un masque tout droit sorti de « Call of duty », un best-seller du genre.

Sylvia Di Pasquale @ Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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