On pensait tout savoir du roi du hamburger. Mais en écoutant Hubert Mongon son DRH pour la France et l’Europe du Sud, on découvre une autre facette de McDonald's. L’un des tout premiers recruteurs privés en France embauche sans diplôme mais mène au diplôme. Grâce à l’accord passé avec plusieurs écoles de commerce, les équipiers McDo peuvent désormais obtenir une licence en management de niveau bac+3. D’autres optent pour un CAP d’employé de restauration. « Et nous allons proposer un BTS en management des unités commerciales à nos chefs d’équipes ».
Des solutions pour pallier le manque de qualification des salariés ? « Pas vraiment. Parmi nos 40 000 employés, seuls 15 % n’ont ni formation, ni expérience à l’entrée. » Ce qui ne les a pas empêché de postuler. Pour être recrutés, les diplômés comme les autres, doivent en passer par des tests de simulation, organisés par Pôle emploi. « Ils nous permettent de détecter des qualités invisibles sur le CV comme l’écoute, la mémorisation, le sens du commerce. » Une méthode qui encourage à postuler : « Nous recevons 450 000 candidatures spontanées et l’on en retient près de 10%. Nous créons chaque année près de 3000 nouveaux emplois et embauchons l’équivalent de 24 500 temps plein ». Un « équivalent » et une précision utile puisque 80% des salariés des restaurants, qu’ils soient détenus en propre par le groupe ou qu’ils soient aux mains de franchisés, travaillent à temps partiel, 22 heures par semaine en moyenne.
Evidemment, la question qui se pose et qui fâche, tient dans cette toute petite minorité d’emplois à plein temps. Hubert Mongon ne l’élude pas. Les horaires des coups de feu l’empêchent d’en proposer davantage. « Nous réalisons 75% de notre chiffre d’affaires en quatre heures seulement midi et soir ». Même si, avec les McCafé et les restaurants ouverts 24/24, l’amplitude des horaires s’allonge. Des horaires qui arrangent bien les 40% d’étudiants employés chez McDo pendant leurs études, à qui le DRH donne la consigne « de ne pas dépasser 10 à 15 heures par semaine pour être sûrs de réussir aux examens. » « Faut pas se voiler la face : on accueille des jeunes pour qui McDo est une première expérience pro. Ils aspirent à un emploi à temps complet et c’est logique. Ce qu’ils arrivent à faire seulement après 2 ou 3 ans », commente-t-il.
On a fait le choix de ne pas donner une place prépondérante au diplôme. On prend en charge la formation et on les accompagne tout au long de leur parcours. Soit ils évolueront à des postes d’encadrement à temps complet, soit ils évoluent vers d’autres secteurs d’activité. Je rencontre des DRH d’autres secteurs qui me remercient d’avoir formé des profils de qualité. Même si ce n’est pas notre métier. Nous sommes visiblement une bonne école.
Par Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.