A priori, c'est le pire des métiers. Car le fauteuil de DRH de la SNCF pourrait faire fuir nombre de spécialistes des ressources humaines. Pas François Nogué. Le basculement du rail français dans l'univers concurrentiel ? « Passionnant ». La gestion RH d'un chaudron social historique et des 244 000 agents qui le composent ? Celui qui vient de décrocher le titre de « DRH de l'année 2011 » énumère les progrès accomplis : « les retraites, le service minimum, l'évolution des effectifs de l'entreprise » et les chantiers à venir, « comme la mise en place d'une convention collective de la branche ferroviaire ». Un nouveau secteur comme un autre, pour une entreprise comme une autre ?
« Les salariés doivent y trouver leur compte. »
En tous cas, ce docteur en droit rencontre parfois les mêmes difficultés de recrutement que ses confrères. Car la SNCF embauche entre 700 et 800 cadres cette année et son directeur des ressources humaines reconnaît des pénuries « surtout sur les fonctions techniques ». Des difficultés partagées avec d'autres entreprises, qui sont peut-être aggravées par les niveaux de salaires proposés à ces candidats cheminots. « Nous devons expliquer. Répéter aux jeunes diplômés que le salaire d'entrée évolue très vite, en même temps que les prises de responsabilités. Dans les cinq premières années, il peut augmenter de 20 à 25% et nous avons de très jeunes ingénieurs qui managent 100 à 200 personnes. » Ces nouveaux cadres, qui doivent composer la SNCF de demain, seront engagés dans la bataille du rail que François Nogué espère bien remporter. « Notre objectif ? Devenir, à terme, l'un des deux opérateurs majeurs en Europe ». Et pour y parvenir, il compte sur les salariés, « car on n'y arrivera pas sans eux. Ils doivent y trouver leur compte ». Expliquer, former, accompagner : il connaît par cœur le discours sur les vertus du changement en interne utilisés et parfois usés par tous les professionnels des ressources humaines.
Nouvelle convention collective
Mais pour lui, le chamboulement que connaît le monde ferroviaire doit s'accompagner de véritables règles. Et il ne saurait les mettre en place tout seul. « Le gouvernement doit livrer un calendrier concernant l'ouverture à la concurrence. Car nous devons nous organiser pour mettre en place ces règles. Pour nous et nos concurrents.» Du point de vue de François Nogué, le cadre qu'il convient de dessiner n'est pas seulement commercial et industriel. « Il est également social. » D'où son engagement quasi militant pour la mise en place d'une convention collective pour tous les acteurs du ferroviaire. Un chantier « très lourd », ouvert par le gouvernement, qui devrait aboutir dans deux ou trois années. Un marathon qui n'est pas pour déplaire à ce féru de négociation sociale.
Sylvia Di Pasquale @ Cadremploi.fr
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.