On les accuse de tous les maux. De ne pas avoir joué leur rôle de super-gendarme avant la crise et de ne pas l'avoir vue venir. On leur reproche aussi de faire de l'élitisme et du clonage en embauchant trop de jeunes diplômés issus des mêmes écoles de commerce, au détriment des universitaires et des cadres expérimentés. Et de ne pas assez promouvoir les femmes. Anik Chaumartin agite le drapeau blanc.
Philosophes devenus consultants
Directrice générale en charge des ressources humaines de PwC (anciennement PricewaterhouseCoopers), l'un des quatre leaders mondiaux de l'audit et du conseil, elle se défend. « La diversité ? On n'a pas attendu la crise pour y réfléchir ». PwC est à l'origine de l'opération Phénix* menée avec 9 autres entreprises. Son but ? « Ouvrir nos portes aux universitaires. En quatre ans, notre cabinet a embauché 50 étudiants en histoire, lettres ou philo. » Une goutte d'eau dans l'océan des 1 200 recrutements prévus cette année, dont près de 400 stagiaires et 470 jeunes diplômés, majoritairement issus d'écoles de commerce et d'écoles d'ingénieurs. Mais c'est un début. Un alizé aussi que cette courte échelle faite aux femmes, trop rares dans les cimaises hiérarchiques de la profession. Si elles sont traditionnellement nombreuses à l'embauche « plus de 50 % chez nous », leurs rangs se clairsement dans les hautes sphères des cabinets. « Chez PwC, 25 % du comité de direction est féminin. » Un record dans ce secteur, rendu possible grâce à des actions et à des formations, « au cours desquelles on prépare les femmes à ne pas attendre la promotion, mais à la demander. A ne pas être trop modestes non plus. Mais aussi à prendre du recul, à ne pas s'opposer frontalement aux hommes.»
Diversifier pour rassurer
Tutorat et formation attendent également tous ceux que PwC intègre dans ses légions, notamment ceux qui ne sont pas forcément issus du moule traditionnel qui mène à l'audit. Les universitaires en sciences humaines, « mais aussi les BTS et autres bac + 2 que nous recrutons ». Sans compter les auditeurs d'origine étrangère. « Nous comptons 50 nationalités différentes dans nos rangs. »
On peut estimer que cette politique de diversité tout azimut a un but unique : améliorer l'image d'une entreprise, et d'un secteur, secoué par la crise. Mais pour Anik Chaumartin ces actions vont bien au-delà. Pour elle, le profil des auditeurs ne doit pas être standard. « Il en va de l'intérêt de nos clients, donc du nôtre ». Et de celui des universitaires, des femmes, et des cadres d'origine étrangère qui y font carrière. Même s'ils restent minoritaires.
* Prochaine édition le 6 avril 2011 www.operationphenix.fr/
Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr et Figaro Economie - 28 février 2011
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.