Les réponses de Jean-René Boidron dessinent en creux le portrait d'un entrepreneur et du mouvement qu'il représente : un homme et une association légèrement fataliste. Car s'il admet que le dumping fiscal pratiqué par l'Irlande pour appâter les entreprises a favorisé sa débâcle, il ne reproche pas aux mêmes entreprises d'en avoir profité. Et, pour certaines d'entre elles, de s'en être allées voir ailleurs, « car le coût du travail en Irlande est l'un des plus chers d'Europe, devant celui de la France ».
La France, où Jean-René Boidron, responsable de la commission sociale de Croissance Plus, est chargé de faire avancer plusieurs dossiers au nom de ses pairs, parmi lesquelles la « simplification des charges salariales ». Simplification ou diminution ? Un impôt ou une taxe est toujours, quelle que soit sa nature, trop élevée pour celui qui doit le régler. Ce qui n'empêche pas nos entrepreneurs d'applaudir à l'élargissement de certaines mesures gouvernementales, payées par l'Etat, et finançant une partie des charges salariales.
C'est le cas du Contrat de transition professionnelle (CTP) que Nicolas Sarkozy souhaite étendre à toutes les entreprises de moins de 1000 salariés. Contradiction ? En apparence seulement. Car c'est de pragmatisme qu'il s'agit. Le même que celui que l'on retrouve dans les critères d'adhésion des entreprises à Croissance Plus.
Pour s'engager, un entrepreneur se doit d'être en pleine croissance, mais il doit aussi partager avec ses salariés, via des programmes de participation ou d'intéressement, les fruits de sa croissance. Altruisme ou forme de salaire déguisé pour échapper aux charges. Association sociale ou libérale ? Les deux, mon général.
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.