La loi Macron a déjà créé un emploi : celui de Pierre Gourdain. « Je pense être un des premiers Français à en avoir profité. » Ce jeune dirigeant développe en France la filiale de l’allemand Flixbus qui, comme son nom l’indique, doit constituer l’alternative au train par le bus, selon la volonté de l’hôte de Bercy. Un premier emploi Macron suivi par d’autres directement dans l’entreprise et chez ses partenaires. « Nous sommes une quinzaine aujourd’hui, et nous devons embaucher une centaine de personnes dans les douze prochains mois. » Dont 70 % de cadres. Car Flixbus n’est pas transporteur. L’opérateur ouvre des lignes longue-distance de ville à ville, les fait connaître et vend les tickets. Les autocars eux-mêmes appartiennent à ses partenaires. « Nous venons de recruter un directeur marketing et une responsable RH qui vont ensuite eux-mêmes recruter leurs équipes. » Des pros de l’achat de mots clés, de mise en place de campagne web ou de création de vidéos virales mais aussi les professionnels qui créeront les nouvelles lignes et développeront le réseau.
Un modèle éloigné du secteur des transports, avec des codes eux aussi aux antipodes. « La manière de s’habiller nous importe peu. » Exit le dress code cravaté. Aux oubliettes les réunions à rallonge, « chez nous, c’est pas plus de trente minutes ». Ceux qui les rejoignent viennent souvent de grandes entreprises et « ils apprécient qu’on enlève du gras. » La petite entreprise qui veut devenir grande estime gagner en efficacité de cette manière. « Nous sommes très sélectifs. Sur 100 CV, nous rencontrons entre 10 et 20 candidats pour un poste. » Tout commence par un skype « parce que c’est plus rapide et que je suis souvent en vadrouille ». Pour marquer des points en entretien, il faut « montrer son envie de révolutionner la mobilité en France, être doté d’une forte créativité, d’un réel esprit entrepreneurial et du sens de la discipline ». Car Flixbus reprend une recette allemande mais doit l’adapter au marché français. Sans droit à l’erreur. « Même quand j’ai recruté, je continue à voir des candidats potentiels. Mes partenaires investissent des millions d’euros, je ne peux pas me permettre d’avoir une défaillance sur un poste. » Et Pierre Gourdain d’affirmer qu’il espère que ses patrons font de même pour lui.
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.