« Plus humaniste, l'entreprise est plus productive »

Sylvia Di Pasquale

A la tête de l'entreprise lauréate du classement « Great Place to Work », Vincent Prolongeau milite pour réconcilier entreprise et humanisme. Au nom de la performance.

 

A priori, ce n'est pas l'entreprise que l'on citerait spontanément comme un havre de quiétude pour ses salariés. Sauf que la filiale française du géant américain PepsiCo France s'affiche cette année encore en tête du classement « Great Place to Work - Le Figaro Economie ». Un palmarès des « entreprises où il fait bon travailler » établi d'après les avis des salariés en place. Quant à Vincent Prolongeau, son directeur général, il est aussi le président d'Entreprise & progrès, une association qui défend l'idée que croissance et valeurs humaines sont conciliables. Mais il le répète, « humanisme ne signifie pas idéalisme ». Avant d'ajouter, « la productivité repose avant tout sur la motivation des collaborateurs ». Et si ces derniers se sentent bien, ils travaillent bien. Pour lui, au cours des vingt dernières années, les entreprises ont oublié l'homme. « Au nom du retour sur investissement, des taux de croissance du profit et des actionnaires ». Alors, à la tête de son association, il prône un retour à l'humanisme. « Mais attention, nous ne sommes pas des soixante-huitards attardés. Nous disons que la croissance est une vertu à cultiver et que les collaborateurs sont un levier essentiel pour y parvenir. »

Qualité du management

Tout cela ne serait-il pas qu'affichage de belles intentions ? Un système de pensée plutôt qui, pour Vincent Prolongeau, n'a que des avantages. Notamment en termes de recrutement. La guerre des talents a de nouveau cours, chez PepsiCo comme partout. « Mais je considère qu'il vaut mieux valoriser ses propres collaborateurs que de les laisser partir, faute de considération, et de devoir débaucher chez les concurrents. » C'est pourquoi il investit 5% de sa masse salariale en formation et prend des risques « calculés, quand même, pour promouvoir des gens rapidement. Des collaborateurs en qui nous plaçons notre confiance. »

Cet humanisme affiché, le DG de PepsiCo France l'applique aussi pour attirer et fidéliser les jeunes. « Nous devons recruter une quinzaine de commerciaux cette année. Ceux de la génération Y, qui rejettent en masse les discours formatés. » C'est par la qualité du management que Vincent Prolongeau veut faire la différence. Qui doit se percevoir dès le recrutement. Ainsi, un candidat ne passe pas d'entretien avec son futur N+1. Mais avec un opérationnel qui ne travaillera pas directement avec la personne recrutée. Une manière, peut-être, de gommer en partie, la part d'affect forcément liée à toute embauche. Depuis la parution du palmarès, PepsiCo reçoit deux fois plus de CV qu'avant.

* dans la catégorie des entreprises de plus de 500 salariés.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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