L’intérim n’est pas au mieux. Et la baisse des missions de 11% en avril oblige ses dirigeants à faire preuve d’imagination. « En même temps, il faut relativiser ce chiffre. On se compare au premier semestre de 2011 où l’on enregistrait une croissance à deux chiffres, tempère François Béharel. Au deuxième semestre 2012, la baisse sera moins forte. » A la tête du 3ᵉ groupe d’intérim de l’Hexagone, le président du groupe Randstad France, comme ses confrères, multiplie néanmoins les propositions pour sortir de la morosité actuelle. Tout en étant vent debout contre la mesure pénalisant les entreprises qui abuseraient des contrats courts, évoquée par François Hollande lors de sa campagne. « Ce serait surtout une menace pour les salariés. Car cela multiplierait encore les plans sociaux. Sans l’intérim, que deviendraient ces 500 000 jeunes sans qualification que nous formons et faisons travailler ? D’après une étude, il semblerait que seulement 15% des gens approuveraient cette mesure.» Pour le moment, cette promesse de campagne n’est d’ailleurs pas réapparue dans les mesures gouvernementales de lutte anti-chômage.
10 à 15% des intérimaires en CDI
Pas plus que cette autre idée que François Béharel et les autres dirigeants de l’intérim ont proposé au prédécesseur de Michel Sapin au ministère du Travail. « Nous avions vu Xavier Bertrand pour lui exposer notre projet : embaucher 10 à 15% de nos intérimaires en CDI. Ce qui les sortirait de la précarité. » Le ministre avait écouté, mais depuis, s’en est allé. « Nous allons bien entendu rencontrer son successeur pour lui en reparler. » Un projet coûteux ? Initialement, le syndicat des entreprises temporaires souhaitait que l’Etat prenne en charge les salaires des intérimaires entre deux missions. Une demande plutôt osée par ces temps de disette budgétaire. Mais François Béharel tempère : « En fait, ce CDI concernerait des intérimaires qui vont d’une mission à l’autre et n’ont pas de creux. » Reste à mesurer l’intérêt de professionnels réclamés et compétents qui choisiraient un CDI dans l’intérim, plutôt qu’un CDI classique, dans une entreprise classique.
Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr
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