Réformer l'audit profiterait à l'emploi

Sylvia Di Pasquale

Avec 13 000 salariés à travers le monde, le cabinet Mazars est un challenger dans le secteur de l'audit. Mais la crise et les régulations qui devraient en découler pourraient bien faire son affaire. Et profiter à l'emploi.

Trois ans après la crise de 2008 qu'ils n'ont pas vue arriver, les cabinets d'audit et de conseil pourraient se voir imposer de nouvelles règles du jeu. Prônées dans un récent livre vert publié par la Commission européenne, certaines de ces mesures visent à limiter l'hyper concentration du marché de l'audit autour des quatre cabinets mastodontes qui trustent 70 % du marché européen. En généralisant les audits menés conjointement dans une même entreprise par un « gros » et un « moyen » cabinets par exemple.

Déconcentration du marché de l'audit

Ou en obligeant les grandes entreprises à recourir à un consortium de cabinets qui compte au moins une société d'audit « moyenne ». Un programme qui ferait l'affaire de Mazars. Le cinquième cabinet français voit en effet dans ce projet l'occasion de prendre des parts de marché aux « Big Four ». Alors Philippe Castagnac, PDG du cabinet en France, est plus europhile que jamais et énumère les avantages de ce chamboulement. « C'est bon pour l'intérêt général. Cela pourrait même, et nous le souhaitons, nous amener à disposer de champs d'interventions plus larges en touchant davantage au social ou à l'environnement. Et donc de créer probablement quelques emplois. »

De nouveaux types d'emplois dans l'audit

Même si Mazars, comme ses concurrents, est déjà l'un des gros fournisseurs de premiers postes pour les jeunes diplômés. « Nous recrutons environ 400 personnes chaque année, dont 75 % de jeunes diplômés. » Pour autant, ces nouveaux cadres, frais émoulus des écoles de commerce et d'ingénieurs, viennent-ils à l'audit par vocation, par opportunisme, par crainte du chômage ? Philippe Castagnac n'est pas dupe des motivations de ses jeunes recrues. Qui n'ont pas changé, malgré la crise : « Ils viennent chez nous pour se former pendant cinq ou six ans et partent s'exprimer ailleurs. C'est légitime. »

Fidéliser... les femmes aussi

Cette fonction de super troisième cycle, d'étape avant le poste définitif, il ne la réfute pas. Mais en même temps, il aimerait tant fidéliser ces jeunes. Y compris les jeunes femmes qui quittent l'audit pour d'autres raisons. « A l'embauche, à la sortie de l'école, elles sont majoritaires chez nous. Mais cinq ans plus tard, elles ne sont plus que 30 %. » Fuiraient-elles les horaires à rallonge, le peu de conciliation possible entre la vie de consultant et la vie tout court ? « On pousse nos salariés à prendre leurs jours de congés complémentaires. Ce sont des respirations indispensables. De même que nous évitons les réunions le mercredi, jour des enfants. » Mais c'est souvent le client qui décide du planning. « C'est un problème global. Ce n'est pas celui d'une société, mais de la société. » Mais autant commencer par la sienne.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr et Figaro Economie - 7 février 2011

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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