Thierry Baril (EADS-Airbus) : "35 jours pour recruter"

Sylvia Di Pasquale

À une semaine de l’ouverture du salon aéronautique du Bourget, le DRH d’EADS-Airbus détaille son ambitieux plan de 5000 recrutements et revient sur les qualités recherchées chez ses futurs ingénieurs et cadres.

Les premiers de la classe sont souvent agaçants. Et l’on n’a de cesse de tenter de détecter leurs failles. Mais dans le cas de Thierry Baril, l’affaire est plutôt mal engagée. Car non content de remporter le prix du  « DRH de l’année »*, Thierry Baril travaille chez EADS - Airbus, l’entreprise citée en exemple et appelée à la rescousse dès qu’il faut proclamer que l’industrie en France dispose quand même de quelques fleurons.

Profondes transformations

Facile d’être le meilleur DRH dans la meilleure boîte ? Sauf que le géant de l’aéronautique n’a pas toujours connu le remarquable plan de vol que tout le monde salue aujourd’hui. Au cours de ces six dernières années, il lui a fallu pallier aux ratés de l’A380 à ses débuts, mener une profonde transformation de ses lignes managériales et même organiser le transfert à Toulouse de« l’ensemble des activités dites de pilotage du groupe », disséminées auparavant façon puzzle.« Une très large majorité des salariés concernés ont décidé de suivre pour que nous puissions installer le siège d’EADS à Toulouse, au plus proche des activités d’Airbus qui représente les deux tiers du volume global d’affaires du groupe. »

Révolution managériale

Aux commandes des ressources humaines de ce gros porteur de 145 000 salariés, Thierry Baril a tenu son cap, tout en donnant des ailes à cet énorme appareil. Parmi les transformations les plus profondes à son actif, la mise en place d’un management plus proche des collaborateurs, « plus exigeant aussi », et comme il aime à le préciser, « plus agile ». Une révolution culturelle menée via des « teamboosters » qu’il a mis en place. « Près de 1200 managers sont déjà passés par ces formations en 4 ans. » Résultat : des enquêtes de satisfaction internes « et d’engagement du personnel, c’est encore plus important » ultra satisfaisantes, un turnover au plus bas, et une marque employeur au plus haut.

Des recrutements diversifiés

Évidemment, avec un tel palmarès, les recrutements sont aussi faciles à négocier qu’un décollage par grand beau temps. Ce qui tombe plutôt bien puisque EADS doit embaucher 5000 personnes cette année, dont 60% de cadres et d’ingénieurs. Et parmi eux 40% seront des jeunes diplômés. « Nous restons élitistes dans nos recrutement, dans le sens où nous voulons attirer les meilleurs talents, mais nous sommes ouverts à des profils plus divers qu’auparavant. » Et côté process, le DRH a mis les gaz : « entre l’expression de la demande interne et la signature du contrat, il se passe désormais en moyenne 35 jours au lieu de 75 il y a 3 ans. »

Solidaire avec le Gifas

Aucun nuage à l’horizon ? « Pas vraiment, estime Thierry Baril, sauf sur certaines compétences-clés qui restent pénuriques pour tout notre secteur, comme la résistance des matériaux, structure de nos appareils, installation de systèmes embarqués. » Thierry Baril est partageur et reste solidaire avec les adhérents du Gifas, le syndicat de l’industrie aéronautique, « pour qu’EADS n’assèche pas le marché ». Bon élève et magnanime de surcroit.

* Le « Prix du DRH de l’année » est décerné chaque année par le Figaro Economie, Cadremploi et le cabinet Hudson, après le vote d’un jury de DRH de grandes entreprises.

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Par Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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