Une TPE lyonnaise recrute malgré son double handicap

Sylvia Di Pasquale

L'emploi des cadres repart. Sans surprise, les grands groupes les attirent davantage que les petites structures. Et Paris davantage que les régions. Le dirigeant d'une TPE rhodanienne parvient pourtant à recruter des profils rares.

C'est une entreprise de haute technologie, un fleuron de l'industrie aéronautique, dotée d'une filiale américaine. Ses clients ? La Direction générale de l'armement et l'US Air Force. Inutile de la chercher parmi les mastodontes du Cac 40 : Sunaero est une TPE. Autre bravade : elle grandit loin de Paris. Un double handicap pour beaucoup, un avantage pour Thierry Regond, qui co-dirige cette entreprise installée depuis 15 ans dans la campagne lyonnaise. Un avantage, vraiment ? Même lorsqu'il s'agit de recruter des cadres de haut niveau qui pourraient préférer le confort d'un grand groupe ?

 

International et qualité de vie locale

« Notre botte secrète, c'est la qualité de vie, et la relation directe que l'on a dans une petite entreprise de 20 personnes. » Des arguments qui peuvent laisser la majorité des cadres indifférents, plus attirés par les carrières des grands groupes. Mais avec un chiffre d'affaires doublé en deux ans, dont 75% à l'export, la pépite rhodanienne et sa filiale américaine en pleine expansion ont des atouts. « Nous leur proposons immédiatement ce que les grands mettent un certain temps à leur accorder : les relations internationales, et les déplacements qui vont avec. »

 

Ingénieurs et commerciaux wanted

C'est sans aucun complexe, donc, que Sunaero recherche cette année un commercial international, deux « customers support » bilingues mais aussi 4 ingénieurs - dans l'idéal des doctorants - pour étoffer son département R&D qui conçoit des détecteurs de fuites de carburants sur les avions civils et militaires. Quitte à recruter loin des rives de la Saône. « Nous avons des collaborateurs originaires d'Europe du Nord ». Et qui, comme d'autres cadres, se sont installés en Rhône-Alpes. « 17 000 postes y sont à pourvoir cette année, dont 19 % en R&D. »

 

Les exonérations oui, les contrats aidés non

La confiance en ses capacités à recruter n'empêche pas Thierry Regond d'être conscient des difficultés. Et certains choix gouvernementaux ne lui paraissent pas des plus judicieux. « Comme Laurence Parisot, je préfèrerais que l'Etat exonère les charges salariales des TPE plutôt qu'il finance les contrats aidés.» Un plaidoyer pour la TVA sociale. Mais il a d'autres griefs, comme le choix que fait la France de soutenir l'ancienne économie. « Celle qui se délocalise et que l'on cherche à tout prix à faire revenir, au lieu de soutenir celle qui crée. » Celle des nouvelles technologies et de la matière grise. Celle que Barack Obama voudrait davantage soutenir dans son pays, comme il vient de l'expliquer dans son récent discours sur l'état de l'Union du 25 janvier dernier. Une nation qui a vu grandir, et réussir Google, Facebook, Microsoft, Apple et tous les autres.

 

 

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr et Figaro Economie - 21 février 2011

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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