Vent debout contre sexisme et homophobie

Sylvia Di Pasquale

Le directeur général du Groupe Randstad expose au Club emploi ses mesures volontaristes pour lutter contre les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle et le genre.

 

Son parcours est un grand classique de la haute fonction publique. De l'ENA aux cabinets ministériels, en passant par la préfectorale, Abdel Aïssou a arpenté les couloirs de la République, avant de passer au privé. Promu vice-président directeur général du groupe Randstad, cet immigré de la 3ᵉ génération, comme il aime à le rappeler, se fait désormais remarquer comme défenseur des différences.

Son engagement de plusieurs années vient en effet d'être récompensé par le Grand prix de la diversité, décerné par l'association L'Autre Cercle aux rares entreprises qui s'engagent ouvertement contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle. L'un des 18 critères de la diversité, mais aussi « le plus négligé par les entreprises ». Parce que c'est peut-être le plus compliqué. « Sauf si l'on adopte une approche volontariste. Nous considérons que la manière dont les gens s'aiment ne regarde pas l'entreprise.» Celle qu'il dirige se déclare « gay friendly », « simplement parce que c'est inconcevable de lutter contre les discriminations et d'en laisser une de côté. » D'ici fin 2011, 550 managers du groupe - dirigeants compris - auront suivi une formation d'une journée pour « prendre conscience et modifier leurs représentations inappropriées ». Ils seront entre autres parés pour bannir les plaisanteries homophobes ou sexistes. Pas seulement envers les gays et les lesbiennes, mais aussi les blondes. « Les blagues à leurs sujets sont sexistes et insupportables à entendre pour les femmes. »

Corriger les représentations

Ce volontarisme pour former ses collaborateurs, Abdel Aïssou ne peut évidemment l'appliquer à ses clients. « Mais on essaie, on explique. » A un chef d'entreprise qui sollicite Randstad pour recruter un intérimaire en précisant qu'il ne veut pas d'homosexuel, les responsables d'agence doivent répliquer, démontrer et convaincre, « ou refuser ». Refuser des clients au nom de valeurs éthiques, n'est-ce pas incompatible avec des objectifs commerciaux ? « Je ne crois pas. La globalisation des échanges économiques nous aide à défendre la diversité. Parler à ses salariés en France a des échos dans le monde entier. »

Pour vérifier que ses valeurs sont appliquées, les salariés de Randstad sont d'ailleurs testés, « lors d'appels mystère pour évaluer notre qualité de service », donnés par de faux clients homophobes ou racistes. Pour déjouer encore un peu plus les tentatives de discriminations, un numéro de téléphone est à la disposition des 3 900 agents permanents et des 77 000 travailleurs intérimaires. « Une vigilance qui a conduit au licenciement de l'un de nos collaborateurs qui n'adhérait pas à nos valeurs.»

 

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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