Le premier manga japonais "créé" par une IA provoque des inquiétudes pour l'emploi

Sylvia Di Pasquale

VIDEO - 6 semaines pour générer 100 pages de manga quand un humain mettrait un an. C'est la prouesse technologique qu'a réussi un Japonais nul en dessin mais très bon sur l'outil Midjourney, une intelligence artificielle capable de générer des images à partir de textes entrés par son utilisateur. Son manga de 100 pages paru le 9 mars au Japon provoque des inquiétudes dans une industrie qui pèse 5 milliards d'euros et emploie des milliers de mangakas, les dessinateurs de mangas.

Au Japon, le premier manga entièrement créé par une intelligence artificielle suscite des débats. Source : capture de video TV5 Monde

Une IA met des idées en image

Le manga de science-fiction intitulé "Cyberpunk : Peach John" est paru jeudi 9 mars au Japon chez l'éditeur Shinchosha. Pourquoi le Web mondial en a parlé ? Il est conçu par une intelligence artificielle, le logiciel Midjourney, piloté par un humain anonyme qui se fait appeler Rootport.

Ce dernier, un japonais de 37 ans, reconnait avoir zéro talent artistique mais estime avoir créé une "œuvre".

Son intervention a consisté à inventer une histoire basique puis à entrer des mots-clés dans son générateur d'images, comme « cheveux roses » ou « fille asiatique ». Le logiciel a ensuite dessiné les visages des héros, les décors, etc. Puis Rootport a sélectionné ceux qui lui plaisaient et les a assemblés sur des planches de BD.

Source : capture de video TV5 Monde

Des emplois menacés ?

Faut-il craindre que les mangaka, les auteurs de BD japonaises, ne soient remplacés par ces IA ?

Pas les auteurs eux-mêmes, estime un professeur de l'université de Tokyo interviewé par l'AFP, mais leurs assistants qui finalisent les dessins. Créer cette BD a pris 6 semaines à Rootport, sans assistant et uniquement avec Midjourney.

L'un des artistes interrogés par l'AFP, Madoka Kobayashi, estime que cette IA n'est pas une menace mais plutôt un "excellent compagnon".

D'autres estiment que les programmes informatiques ne sont pas prêts de remplacer les humains car ils ne sont pas au point et manquent d'humour.

Source : capture de video TV5 Monde

Le droit d'auteur malmené ?

Cette "œuvre" relance le débat juridique : puisque cette IA s'est "nourrie" d'œuvres existantes protégées par le droit d'auteur, réalise-t-elle des créations originales ou est-ce du vol ? Et qui en est véritablement l'auteur ?

Face aux rapides évolutions des systèmes d'IA, les juristes ne sont pas prêts de manquer de travail. Et de casse-têtes juridiques à arbitrer.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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