18h30, la série d’Arte qui vous sort du boulot

Sylvia Di Pasquale

EDITORIAL – Parler du boulot en sortant du boulot. C’est l’idée géniale de « 18h30 », la mini-série d’Arte.tv* en 22 épisodes de 5 minutes. Dans ce programme court, traité en plans séquences, deux collègues se retrouvent chaque soir, à 18h30 pétantes à la sortie du bureau pour se diriger vers l’arrêt où les attendent chacun un bus différent. Entre les deux et pendant x an, l’éclosion d’une relation où s’entremêlent boulot et vie perso. Et peut-être plus.
Dessin de Charles Monnier

Ils ne se connaissaient pas, ils se découvrent, jour après jour, à chaque épisode, à chaque unique trajet. Mélissa vient d’arriver dans la boîte, Eric cumule déjà 13 ans d’ancienneté. Alors, sur le court trajet de 5 minutes qui les mènent au même arrêt de bus, ils parlent, d’eux, ou du boulot. Ou alors ils ne parlent pas, se font la gueule ou s’engueulent. Comme dans la vie, ils se rapprochent, s’éloignent, se rapprochent à nouveau et vont finir par [autocensure anti-divulgâchage]

Les mois passent et ils se découvrent une balance de points communs, de différences et une aiguille centrale d’affinités.

Cette mini-série de Maxime Chamoux et Sylvain Gouverneur raconte des histoires de riens, des petits moments, des conversations hésitantes, des idées échangées, pas toujours abouties et souvent inachevées, des histoires de boulot, de process, de collègues. Et une histoire d’amour ? Peut-être. On ne sait pas, pas plus que Melissa et Eric ne le savent. Ils se sont rencontrés alors qu’elle finissait son 1er jour, chacun s’apprêtait à rentrer de son côté quand ils ont réalisé qu’ils allaient au même arrêt de bus. La gêne d’abord, l’inconfort des conversations convenues, puis la complicité, l’entraide, les émotions partagées… Les mois passent et ils se découvrent et s’équilibrent, avec une balance de points communs, de différences et une aiguille centrale d’affinités. 

Cette pâte humaine à nulle autre pareille qui naît des belles rencontres au travail.

Le petit trajet quotidien de Melissa et Eric est sans importance pour eux ? Au contraire il est vital. Elle avouera sans l’avouer que ces minutes lui ont donné envie d’aller travailler. Il écoutera sans savoir répondre, pensant la même chose sans même se l’avouer. Avec ses petits trajets, ses petits riens, ses petites et grandes rencontres, cette série dresse la liste de tout ce que le travail apporte, dans n’importe quel métier, du bas en haut des étages des hiérarchies.

Et, au final, constitue un réquisitoire contre le télétravail à outrance qui fait disparaître cette pâte humaine à nulle autre pareille qui naît des belles rencontres au travail.

Souvent, en fin de générique, les réalisateurs glissent un petit remerciement. Celui qui clôture 18h30 aurait pu être « Merci au présentiel sans lequel rien n’eût été possible ». 

* L’intégrale de la série 18h30 est disponible sur Arte.tv jusqu’au 27/3/2023

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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