Baisse d’efficacité au boulot ? On tient le coupable

Sylvia Di Pasquale

EDITORIAL - Il y a certes les petits élastiques qui font mal aux oreilles. Il y a évidemment la buée sur les lunettes qui fait ressembler le monde à une photo floue. Il y a enfin cette difficulté à respirer. Mais le port du masque durant toutes les journées de travail pourrait avoir d’autres conséquences, plus importantes. Révélations et contre-propositions.
Dessin de Charles Monnier

C’est une tribune d’Isabelle Barth publiée par le Monde qui nous a mis la puce à l’élastique. Selon cette enseignante chercheuse de la fac de Strasbourg, depuis que le masque nous couvre la moitié du visage, notre productivité serait en baisse. A cause de la gêne physique ? Pas seulement, alerte-t-elle : « nos facultés intellectuelles sont amoindries, nos capacités à décider sont moins solides. »

 

Mais pourquoi diable, un simple masque nous rendrait-il idiot ? Selon cette spécialiste du management, il nous ferait perdre notre capacité d’"autocontrôle" car le port du masque est un rappel permanent et très envahissant de la pandémie en cours« Une préoccupation constante qui nous encombre et affaiblit nos ressources cognitives », souligne Isabelle Barth.

 

Soit. Admettons que la chercheuse a raison. Admettons que sa tribune soit un hymne au télétravail, puisque la maison risque d’ici peu d’être le seul endroit où l’on pourra s’abstenir du fameux masque. Admettons aussi que ledit télétravail pose lui aussi des problèmes, comme Isabelle Barth l’a elle-même souligné dès le mois de mai, dans une autre tribune publiée par le Huffington Post, en expliquant que le boulot à la maison était une manière de prendre conscience de l‘inutilité de son job.

Alors on fait quoi ? On glisse, en guise d'introduction d’un dossier, d’un projet, voire d’une tribune universitaire, un petit avertissement du genre « Attention, ce travail a été réalisé masqué », manière d'appeler à l’indulgence de ses lecteurs afin d’en relativiser la qualité ?

On peut aussi tenter de passer outre et retrouver son « auto-contrôle » malgré nos oreilles douloureuses, en expliquant à notre cerveau que ce petit bout de papier est un moindre mal pour pouvoir retrouver plus vite les sourires de ses collègues .

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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