De jeunes banquiers surmenés réclament de réduire leur temps de travail à 80 heures par semaine

Sylvia Di Pasquale

Le management à la dure, on le pensait décimé. Sauf qu'il reste des poches de résistance, pas toujours faciles à repérer puisque les managés sont consentants. Enfin, jusqu'à un certain point. C'est ce que vient de découvrir la banque Goldman Sachs à son corps défendant.

Dessin de Charles Monnier

De jeunes banquiers surmenés réclament de réduire leur temps de travail à 80 heures par semaine
Dessin de Charles Monnier

Ils n’ont pas fait grève, ne sont pas descendus dans la rue pour manifester. Ils n’ont pas non plus séquestré leur DRH ni créé un hashtag dénonciateur sur les réseaux sociaux. Ces 13 salariés de Goldman Sachs se sont contentés de signer et d’envoyer une pétition à leur direction. C’est que leur revendication ne devait pas être d’importance. Et, effectivement, c’est une broutille, un tout petit détail : ils ne veulent plus travailler 95 heures par semaine. Quatre vingt quinze heures, soit, en moyenne, 14 heures par jour, sept jours sur sept.

Les protestataires demandent-ils l’application des lois françaises et de nos 35 heures nationales ? Pas vraiment : les analystes juniors de la banque d’affaires souhaitent ne bosser « que » 80 heures hebdomadaires, « que » 11 heures 30 par jour, dimanche compris, évidemment. 

Bien sûr, cette très modeste exigence ne va pas fondamentalement perturber le fonctionnement de ces machines de guerre que sont les grandes banques américaines et leur système méritocratique antique qui récompense, non pas les plus futés, mais les plus résistants, les plus durs au mal. Mais  il s’agit là d’un accroc dans le contrat accepté par ces jeunes diplômés des meilleures écoles. qui ont néanmoins voulu froisser, sans le déchirer, leur contrat tacite. Celui qui stipule que pour réussir, pour passer au rang d’associé, il faut souffrir. 

Les 13 n’ont plus envie de souffrir et ne seront sans doute pas associés. Seront-ils au moins des précurseurs ? Des lanceurs d’alerte qui à leur manière peuvent chambouler un système plusieurs fois millénaire, puisqu’à Sparte, au cinquième siècle avant JC on formait déjà les bons guerriers de cette manière ?

Pas sûr qu’une pétition suffise à en finir avec l’archaïsme du management à la dure. Une mort n’y avait pas suffit.

En 2013, un stagiaire de Bank of America est mort au boulot, vraisemblablement d’épuisement. La planète financière s’en était émue. Puis elle était retournée au travail. Pendant 95 heures, sept jour sur sept et chaque semaine. A moins que cet épisode ne déclenche un #BalanceTaBanque à la manière d'un #BalanceTonPorc ou autre #BalanceTonAgency.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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