Déconnexion : faut-il vraiment couper son smartphone cet été ?

Sylvia Di Pasquale

DILEMME ESTIVAL - Après tous ces mois compliqués, le besoin de vacances se fait sentir plus fort encore que les années précédentes, et c’est un doux euphémisme. Chacun rêve de s'enfermer dans sa coquille estivale, loin des écrans et surtout coupé de tout contact professionnel. Sauf que cet été, nombreux sont les cadres, managers et autres jobs à responsabilités qui devraient garder un oeil ouvert. Car il y a plus que jamais des coups à jouer... et des postes à prendre.

Dessin de Charles Monnier ©Cadremploi

Déconnexion : faut-il vraiment couper son smartphone cet été ?
Dessin de Charles Monnier ©Cadremploi

La tentation de la déconnexion intégrale

Évidemment la parenthèse est indispensable. Bien sûr la pause estivale est vitale et une coupure, c’est sûr, est primordiale. Pour autant, faut-il céder à la tentation de la déconnexion totale ? Que celui qui tente de nous expliquer que le simple fait de checker ses mails chaque soir au retour de la rando lui gâche ses vacances est, au mieux, incapable de faire le tri dans les petites cases de son cortex et de faire la part des choses, et au pire, d’une mauvaise foi abyssale.

Tout un chacun a, en cet été, un besoin de vacances plus fort encore que les années précédentes après une période compliquée, et c’est un doux euphémisme. Pour autant, s’enfermer dans sa coquille estivale, en refusant le moindre embryon de contact professionnel, n’est pas seulement le meilleur moyen de se couper du monde le temps d’un break, mais se couper du monde du travail tout au long de l’année qui vient.

Car jamais l’entreprise n’a autant bougé depuis des décennies. A cause de la pandémie, tout est remis en cause.

Et pas forcément à cause d’une crise économique et financière qui, on le voit semaine après semaine, pourrait bien être évitée. Ce chamboulement géant serait plutôt lié aux modes d’organisation, au mode de gouvernance, et au mode de fonctionnement même des boîtes.

Valse des codirs et opportunités à foison

Digitalisation, transformation des modes de consommation et télétravail sont en train de bouleverser la manière de bosser comme elle ne l’a peut-être jamais été depuis la révolution industrielle. Les entreprises changent et changent de femmes et d’hommes. Les codir se défont et se refont, les comex sont transformés et, comme Elisabeth Borne, la ministre du Travail, le prédisait devant les caméras de Cadremploi, « les cadres sont en première ligne pour accompagner les transformations des entreprises ».

La dernière étude de l'Apec l'affirme (76% des recruteurs prévoient de galérer cet été), et les cabinets de chasse, surchargés de missions, le confirment : recruter certains profils reste un casse-tête pour une large majorité des entreprises.

Alors trêve estivale ou pas, une partie des services RH resteront sur le front cet été. Les uns comme les autres sont sur le pont, pistant les candidats, chassant les oiseaux rares. Les premiers comme les seconds ayant du mal à convaincre les candidats de postuler de bouger, ils se relaieront tout l'été pour réussir à garder le contact avec ces candidats attentistes.

Ne vous étonnez donc pas de recevoir des messages de recruteurs cet été, ils ont des plans à boucler à la rentrée.

Qu'allez-vous faire de votre temps de cerveau libéré ?

Alors, bien sûr, on peut attendre la rentrée pour saisir les opportunités. On peut, aussi, ne pas les saisir du tout. Au risque de passer à côté du chamboulement qui peut également transformer l’entreprise douillette où l’on se sent au chaud. A l’inverse, on peut consacrer quelques minutes par jour à ses mails et à sa messagerie, même en vacances.

On peut aussi lire des articles qui analysent ces chamboulements en cours, prendre le temps d’écouter des podcasts qui font se poser les bonnes questions sur sa vie (tout court), visionner ces documentaires ou ces Ted Talks qui ouvrent les shakras et aident à repenser son rapport au monde et donc… au travail.

Car si la chance sourit à ceux qui se lèvent tôt, elle fait un clin d’œil à ceux qui rallument leur téléphone, de temps à autre, à l’heure de l’apéro, sans se planquer.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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