Quand le personal bullshit se fait épingler

Sylvia Di Pasquale

Quand le personal bullshit se fait épingler

Se hausser du col est une affaire vieille comme les cols et le monde. Mais les temps changent et l'image de marque personnelle fait désormais fureur.  Il ne s’agit pas de mettre vulgairement en avant ses réussites professionnelles, mais plutôt ses réflexions personnelles, ses déconvenues intimes et son moi prêchi-prêchant auprès de sa communauté, celle qu’on a réussi à se constituer sur les réseaux sociaux, Facebook côté perso mais aussi Linkedin, le réseau du boulot.

La dérive du réseau vers l’intime, vers la réflexion philo-bulshitique et le grand n’importe quoi émotionnel est pointé du doigt par un compte Twitter aussi drôle dans son approche que sont pathétiques les posts que son auteur repère sur le célèbre réseau américain. 

@DisruptiveHoLin a notamment pointé du doigt la sortie virtuelle de ce fondateur de Minutebuzz qui conseille d’oublier les réseaux sociaux en entamant sa journée par 10 minutes de méditation. Laquelle séance est, bien entendue, photographiée et partagée sur... les réseaux.

Autre exemple avec cet entrepreneur (qui ne l'a pas mal pris, lui...) d'être sous l'influence des Bisounours.

Mais, les meilleurs (ou pires) leviers de l’émotion se nichent plus souvent dans les drames que dans les citations de Paulo Coelho ou les positions du lotus. Car ce personal bulshit se nourrit aussi de malheurs. Comme celui, utilement relevé par un article du site Philonomist qui rappelle le post de Sheryl Sandberg en 2015. La vice-boss de Facebook, dont le mari venait de mourir, y expliquait les bienfaits de la résilience et, en bonne battante, livrait ses secrets pour l’accélérer. Résultat : 650 000 « likes », 45 000 commentaires et 250 000 partages. 

Heureusement les malheurs exhibés sont généralement moins graves. Mais une récente  étude de la Cass Business School signée Janina Steinmetz, l’a constaté : faire vibrer la corde de l’effort, et donc le côté sombre et laborieux, est plus productif, en entreprise et dans sa vie quotidienne, que l’inverse.

En clair, mettre en avant son talent, et la facilité de réussir sa vie et son travail, fait mauvais genre et parvenu. C’est que les communautés virtuelles ou non, préfèrent les contes de fées et les fables.  Parce qu’avant le happy end, ces histoires sont truffées d’embûches.

@Syl_DiPasquale ©Cadremploi

Dessin de Charles Monnier

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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