
Le télétravail ? Un truc que les managers adorent, du moins pour leur pomme. Selon une enquête réalisée par Malakoff-Médéric Humanis, les cadres chefs d’équipes sont 72 % à le pratiquer, tandis qu’ils ne sont que 31 % parmi les collaborateurs.
Faites ce que je dis, mais surtout pas ce que je fais. La bonne vieille contradiction a encore de beaux jours devant elle et touche même ce phénomène que le climat, l’urbanisme, et la plus évidente des logiques réclame d’urgence : le télétravail et la flexibilité des horaires de travail.
Pourquoi ce décalage ? Parce que, justement, les managers en question ne sont pas chauds pour laisser leurs troupes travailler tranquillou chez elles, ou même dans un bureau près de chez elles, voire à une place qui change selon les jours au sein même de l’entreprise. C’est une autre étude, réalisée par l’Essec qui le dit.
Le coworking, la flexibilité des bureaux interchangeables et in fine le travail loin de leurs yeux, fait encore peur à certains managers. Pensez donc, si les collaborateurs ne sont pas présents physiquement, il devient impossible de vérifier à quelle heure ils arrivent, et à quelle heure ils rentrent chez eux. Travaillent-ils effectivement ou se renseignent-ils sur leur prochaine destination de vacances ? Que d’affres pour les pauvres managers obligés de surveiller toute la sainte journée des collaborateurs qu’ils considèrent comme des enfants.
Une immaturité managériale qui se traduit par une incapacité à faire confiance. Même à l’heure où la plupart des salariés ont un devoir de résultat, et non plus de présence, ces managers sont restés scotchés à un mode d’encadrement qui fleure bon le XIXe siècle. Un simple paradoxe à l’heure de la nouvelle révolution industrielle, celle du digital.
Mais est-ce de la seule faute de ces cadres arcboutés sur le présentéisme ? D’autres pays ont beaucoup plus largement adopté la flexibilité et le télétravail. Sauf que les nations en question, telles que l’Allemagne, n’ont jamais connu le jacobinisme français. Les cadres d’Outre-Rhin, même ceux dont le siège est à Berlin, ont l’habitude de travailler avec des collaborateurs qui vivent et bossent à Hambourg, Munich ou Francfort. Pas les nôtres, pas chez nous, où l’activité économique est centralisée en région parisienne dans 80 % des cas. Et si le centralisme français était la première cause de l’immaturité managériale à la française ?
@Syl_DiPasquale ©Cadremploi
Dessin de Charles Monnier
[Cet article est un éditorial qui reflète le point de vue de la rédaction. Le forum ci-dessous vous permet de le commenter ou d’apporter votre témoignage en lien avec le sujet évoqué, dans le respect des principes éthiques et de savoir-vivre (comprenant l’écriture avec un certain soin). Nous avons hâte de vous lire et vous remercions de votre visite.]
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.