A quand la journée mondiale du Powerpoint ?

Sylvia Di Pasquale

On n'en peut plus. On n'en veut plus. Des journées mondiales du n'importe quoi et des fêtes de tout ce qu'on voudra. La célébration qui a fait déborder le vase s'est déroulée samedi dernier. Le 19 novembre a été décrété « journée mondiale des toilettes ». Je suis comme vous : je n'y ai pas cru. Alors je me suis précipitée sur ce site qui répertorie toutes les journées mondiales et je suis tombée de ma chaise. Les WC sont vraiment célébrés, comme le lupus, qui a sa journée mondiale le 10 mai. Le pied y a droit lui aussi, le 18 mai.

 

Nos amis les gauchers, ont eux aussi tout un jour pour s'exprimer, chaque 13 août. Cette liste impeccable est un formidable catalogue de l'absurde poétique et des préoccupations que chacun pense universelles. Et en l'examinant, on s'aperçoit que le travail est plutôt abondamment célébré, sous toutes ses formes. De l'inévitable premier mai, à la journée des secrétaires (le 22 avril), en passant par la sécurité au travail (le 28 avril), l'ingénierie innovante (le 13 mai) et la procrastination (le 25 mars). On pourrait également célébrer la journée mondiale pour la destruction des armes légères (le 9 juillet) dans certaines entreprises, et celle du vent (le 15 juin) dans de nombreuses autres.

 

Bref, c'est l'overdose, le trop plein. Presque pas de journée sans journée. Pendant qu'on y est, pourquoi ne pas combler le vide des rares dates sans célébrations. Tiens, il reste un créneau le 9 juin. Pourquoi ne pas instaurer « la journée mondiale sans réunion ». Le 22 novembre ? Parfait pour « la journée mondiale du Powerpoint », vous ne trouvez pas ? Le 10 janvier est particulièrement bien placé pour devenir la « journée mondiale de l'évaluation annuelle ratée» suivie, dès le 11, de « la journée mondiale de la non-augmentation ». On peut même caser « la journée mondiale du pot de départ » le 12 du même mois.

 

Ridicule ? Pas plus que la manie qui consiste à ajouter des célébrations aux célébrations. A l'origine, ces journées devaient servir à attirer l'attention des médias et des citoyens sur des questions d'intérêt général importantes. Au final, c'est le grand n'importe quoi. De plus, faute de budgets de communication costauds, les journées organisées par de petites associations ne font pas le poids face à celles lancées par les mastodontes que sont les grosses ONG, les églises ou certains groupes de lobby. Du coup, la profusion crée l'effet inverse : trop de journées mondiales tuent les journées mondiales. Comme dans la fable Le garçon qui criait au loup : à force de lancer de fausses alertes et de crier au loup sans raison, plus personne ne réagit.

 

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 21 novembre 2012

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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