On vous en parlait pas plus tard que la semaine passée. Du marché de l'emploi cul par-dessus tête, des relations candidats-recruteurs qui ont changé et de la nécessité que nous avions, chez Cadremploi.fr, de nous adapter à la mutation avec cette nouvelle formule que vous découvrez depuis huit jours. Pour enfoncer le clou, nous avons commandé tout exprès à l'Ifop un sondage intitulé : « Cadres-recruteurs, quelles relations ? ». Et on n'est pas déçu du voyage.
Dire que les candidats sont exigeants avec les recruteurs relève d'un doux euphémisme. Les cadres sont parfaitement conscients de leur valeur sur un marché de l'emploi tendu comme un hauban du viaduc de Millau. Et ils en profitent en critiquant ouvertement les règles d'un jeu qu'ils acceptaient pourtant sans broncher il y a à peine un an. En fait, le cadre, candidat actif ou passif, est devenu un consommateur averti des méthodes de recrutement. Il agit en client à qui on ne la fait plus, parfaitement capable de décoder les annonces comme l'ensemble de l'attirail de communication mis en place par les services de ressources humaines qui ont un besoin urgent de main-d'œuvre.
Les pubs et offres de recrutement du type « Viens travailler chez moi, je suis le plus beau, le plus fort et ton haut potentiel, je le veux » doivent être révisées d'urgence. 87% des cadres interrogés trouvent que toutes ces communications spécialisées se ressemblent. 68% d'entre eux les jugent floues et manquant d'informations utiles sur l'entreprise. Enfin, 77% des candidats souhaiteraient qu'elles contiennent une information basique et trop souvent absente des annonces : le salaire proposé. Au final, vous n'êtes que 52% à estimer qu'elles donnent envie de postuler. Faut-il en déduire que l'autre moitié ne prennent pas la peine de répondre à des offres d'emploi trop floues, histoire de ne pas perdre de temps ?
Et le festival d'amabilité continue : si les annonces sont largement critiquées, les recruteurs rencontrés au cours des entretiens d'embauche le sont tout autant. 61% des sondés estiment que ces derniers ne connaissent pas assez bien le métier du candidat et 57% les jugent flous dans la présentation de leur entreprise.
Cet état d'esprit des candidats, que les recruteurs peuvent juger hautain, est en tout cas un signe de confiance en eux. Fini le temps des mains moites avant un entretien : 82% des candidats sont parfaitement sereins avant un tel exercice. Du coup, c'est au tour des recruteurs d'appréhender la rencontre : « Je ne compte plus les lapins posés par les candidats, » reconnaît ce responsable RH. Et une fois, l'entretien passé, rien n'est joué, se plaint-il. « Quand ce n'est pas l'histoire de l'arroseur arrosé : « ça m'a fait bizarre quand j'ai réalisé qu'un candidat était tombé sur mon profil Facebook et me posait des questions sur mes loisirs... », raconte cette chargée de recrutement qui a depuis effacé ses traces sur la Toile.
C'est qu'ils ne sont pas prêts de se reposer. Non seulement ils doivent embaucher des cadres à tour de bras, mais ils doivent en plus tenter d'éviter que leurs recrues ne s'en aillent voir ailleurs. Car les candidats ne sont pas seulement des chercheurs d'emploi sans emploi. La moitié des cadres en poste ont mis leur CV en ligne et plus d'un quart se déclare prêt à changer de poste. Tous sont conscients du fait que la meilleure manière de gagner plus n'est pas de travailler plus. Mais de partir plus.
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.