Augmentations : les cadres baissent les bras

Sylvia Di Pasquale

Messieurs et mesdames les DRH, merci d’aller boire un café, d’éteindre votre ordinateur et de nous oublier le temps d’un instant. Ça y est, tous les responsables des ressources humaines sont partis ? Alors on peut le révéler : selon le tout dernier baromètre Cadremploi-Ifop*, une majorité de cadres ne demanderait pas d’augmentation cette année. Un bonheur de responsable du personnel. Évidemment, ce n’est pas une unanimité, mais 55 % est un score à faire rougir de plaisir un politique se présentant à un suffrage quelconque. Voilà donc qu’une belle majorité de cols blancs est décidée à jeter le gant de la négociation âpre pour, au final, ne récolter que 2,7 petits pourcents de hausse de leurs émoluments. Comme si, les années de crise aidant, leur lassitude allant en grandissant, leur combativité s’émoussant, ils avaient renoncé. Et cette démotivation devrait plutôt inquiéter les DRH qui ne sont que joie et allégresse en apprenant qu’ils vont faire quelques piètres économies sur les hausses de salaires.

Car les cadres interrogés par notre baromètre, s’ils font part de leur renoncement, continuent pourtant de rêver à un job idéal. Et de le dessiner pour nos sondeurs. Quel est le critère essentiel pour succomber à ce boulot au pays de Cocagne ? On vous le donne en mille, ou plutôt en milliers d’euros : c’est la rémunération. Pour 39 % d’entre eux. Suivent, bien sûr, la bonne ambiance, jamais très loin, à 34 %, et l’intérêt de la mission, pour 31 % d’entre eux.

Visiblement, ce job de rêve n’est pas celui qu’ils exercent actuellement. Ils avouent, pour 40 % d’entre eux qu’ils sont prêts à prendre la poudre d’escampette. Et leur manière de boucler leurs valises vers ailleurs est symptomatique d’une réelle lucidité : 60 % d’entre eux envisagent de suivre une formation pour « acquérir de nouvelles compétences dans leur domaine d’activité » tandis que 34 % aimeraient changement de secteur et 32 % de métier. Des taux alarmistes. Du coup, on est pris de remords d’avoir poussé les DRH à se détourner de cette étude. Car ils détiennent, en partie, les solutions qui pourraient éviter l’hémorragie de demain et la démotivation d’aujourd’hui.

@Syl_DiPasquale 

* 12ᵉ vague du baromètre Cadremploi-Ifop réalisée du 5 au 13 février auprès de 1002 personnes, représentatives de la population cadre sous contrat de droit privé (représentativité assurée par la méthode des quotas).

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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