Bison Futé, ministre du télétravail

Sylvia Di Pasquale

Bison Futé, ministre du télétravail

On nous prédisait un cauchemar et le résultat fut un boulevard. Ou plutôt des artères parisiennes aussi fluides qu'en pleine nuit. Rien n’y fit. Ni les fermetures d’autoroute, ni les ordres et les contre-ordres officiels indiquant une A6 fermée, puis finalement ouverte et encore moins les injonctions contradictoires de la préfecture de police, rappelant que les transports en commun étaient gratuits mais déconseillés. Aucune mesure et aucune restriction n’ont provoqué la pagaille escomptée. Chacun est resté chez soi, pour célébrer la première journée française du télétravail. Car grâce à la Cop21, grâce à Bison Futé, le nez dans ses petites cartes d’Île-de-France et grâce à l’alarmisme généralisé, le 30 novembre est ainsi officiellement désigné par nos bons soins. Bien sûr, le gouvernement a donné un coup de pouce, en demandant aux entreprises de privilégier le travail à la maison, de reporter les déplacements et les livraisons. Et il a été entendu, sans injonction, sans obligation.

Et l’on se prend à rêver. Non pas d’une utopie made in science-fiction, mais des retombées de cette journée, qui devraient être rapidement mesurées. Et si elle ne produisait pas la catastrophe économique espérée par les déclinistes persuadés qu’une boîte ne fonctionne pas sans les sacro-saintes réunions du lundi ? Et si les télétravailleurs du 30 novembre étaient capables d’être tout aussi efficaces chez eux ? Et si les conf calls qui vont se succéder aujourd’hui pouvaient être utilisées demain ?

Évidemment, certains jobs doivent toujours s’exercer au sein de l’entreprise. Forcément, il faut de temps à autre se rendre au bureau, ne serait-ce que par goût du lien social. Mais on le sait, il suffit d’une baisse de la circulation de 10 à 15 % pour que cette dernière soit fluide aux heures de pointe. Du coup, cette journée censée être noire et qui s’est avérée verte comme la conférence du Bourget va peut-être créer un précédent. En convaincant les entreprises d’adopter le télétravail plus souvent (les cadres sont déjà plus que convaincus à 71 %), en rassurant les pouvoirs publics franciliens sur les capacités de leurs infrastructures à absorber le trafic et en donnant un coup de pouce à l’écologie puisque les bouchons en moins produisent du CO₂ en moins. Alors, vu le succès prévisible de l’initiative, il serait temps d’attribuer un nouveau poste à Bison Futé. Lui qui voit ses pouvoirs limités depuis quelques temps pourrait devenir ministre du télétravail.

@Syl_DiPasquale © Cadremploi.fr

Dessin de Charles Monnier

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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