Branle-bas de combat contre les délais de recrutement

Sylvia Di Pasquale

Branle-bas de combat contre les délais de recrutement

On savait que c’était long. Mais en découvrant les chiffres, c’est pire encore. Entre la parution d’une offre d’emploi et l’aboutissement d’un recrutement de cadre en CDI, il se passe entre trois et six mois dans plus d’un tiers des cas, selon l’Apec. Et pour un candidat, le processus dure 9 semaines, entre le moment où il postule, et celui où il obtient une réponse positive. Et pendant tout ce temps ? L’entreprise bricole, faute de troupes, et le postulant poireaute, faute de certitudes. 

A qui la faute ? Aux entreprises évidemment, si l’on écoute le candidat. A qui l’on demande lors d’interminables parcours d’embauche à douze entretiens si les oignons le font pleurer, s’il est capable de marcher sur des braises, s’il est à même de résoudre un Rubik’s cube en 15 secondes. Et que l’on teste pour savoir  s’il pourra plaire à Pablo des service généraux autant qu’à Annabella de la compta.

Que faire pour améliorer les choses ? Côté offreur, voilà que tous les yeux se tournent vers les DRH et leurs équipes de recruteurs. Pardi, c’est forcément de leur faute, à ces punching-ball des organisations qui dysfonctionnent. Sauf qu’ils ne sont pas seuls responsables de ce grand ralentissement.  La peur gouverne les entreprises. Celle de la direction financière qui a peur du prix d’un recrutement raté, à celles des directions générales qui ont peur de se tromper. Sans parler des managers opérationnels qui ont peur de trainer des boulets. Et in fine, les directeurs de ressources humaines ont peur des réactions des autres peureux. Quand la peur gouverne les entreprises, elle gouverne forcément ses recrutements.

Sauf que la peur de se tromper est devenue une excuse pour perdre du temps. En auditant les circuits de validation, des DRH bien intentionnés ont réalisé que les délais entre les entretiens devenaient délirants. Du coup, ils ont décidé de bloquer un créneau fixe de rendez-vous chaque semaine dans l’agenda des managers concernés par le recrutement d’un cadre-clé de l’entreprise. Bim, pour Pablo, le mardi de 18h à 20h, c’est entretien. Aucune excuse n’est acceptée, c’est gravé dans le marbre et inamovible. Résultat, le process est accéléré, le candidat n’attend pas qu’un des décisionnaires de son embauche se libère.

Car à moins d’être totalement inutile, le cadre manquant contrecarre forcément les activités de l’entreprise. A l’entreprise de décréter le branle-bas de combat pour trouver la perle rare. Réciproquement, un candidat déjà en poste, et qui attend la réponse pour une prochaine aventure, est moins productif dans la fonction qu’il souhaite quitter. A lui aussi de se décider vite s’il a plusieurs pistes.  

@Syl_DiPasquale

Dessin de Charles Monnier ©Cadremploi

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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