Cadre innovant cherche boîte innovante

Sylvia Di Pasquale

Ça y est. On est dans les starting-blocks, prêts à en découdre. Partant pour la grande aventure de l'entreprise. Pas pour en créer une, ni en reprendre une autre. Juste pour changer de boîte. Troquer notre routine pour une entreprise qui a de l'éthique et du sens. Et surtout qui innove comme c'est pas permis. Pas seulement dans ses produits, mais aussi dans sa gouvernance, son marketing, ses méthodes commerciales, voire sa musique d'attente.

Après tout, c'est le plein emploi pour les cadres. On s'attend à 200 000 embauches cette année alors on pourrait bien avoir l'embarras du choix. A condition, bien sûr, d'avoir entre 30 et 40 ans, d'être un individu plutôt blanc, de couver une compétence rare, d'être diplômé de la bonne école et d'avoir entre 5 et 10 ans d'expérience.

Mais supposons qu'on ait cette quinte flush en mains : comment trouver l'entreprise qui s'emboitera parfaitement à nos ambitions ? On peut se reporter au palmarès de l'institut Great Place to Work réalisée avec le Figaro Economie pour trouver the bonne boîte et taper at the bonne porte. Pour concocter leurs listes, les limiers de l'organisme s'en sont allés vérifier pour chaque entreprise candidate, et donc volontaire, des critères qui vont des règles éthiques à l'honnêteté de la gestion, en passant par la satisfaction de se rendre au travail tous les jours ou la fierté d'appartenance.

Dans la catégorie des sociétés de plus de 500 salariés, PepsiCo a gagné devant Microsoft. Et pour les PME, le jury a distingué Octo, une petite société de conseil en informatique. Soit. Ce sont des boîtes à la coule, avec pleins de chouettes chefs et de chouettes collègues. Mais nous, ce qu'on veut, c'est non seulement de la vraie bonne ambiance, mais aussi du neuf, du révolutionnant et surtout, de l'innovant.

Alors, on peut s'en aller voir du côté des entreprises adhérentes de Croissance Plus. Voilà un club d'entrepreneurs qui vient de réunir 150 de ses membres à Avoriaz du 24 au 26 mars lors de son « Spring Campus 2011 » pour débattre de cette fameuse innovation. Parmi les questions soulevées : existe-t-il une organisation idéale pour provoquer l'innovation en interne ? Comment encourager ses collaborateurs à prendre des libertés, toujours pour innover ? Faut-il prévoir de rémunérer les salariés innovateurs ? Les avis furent disséqués, partagés, débattus.

Parmi les chefs d'entreprise présents, certains ont milité pour l'innovation spontanée qui naîtrait de rien et ferait son petit chemin. D'autres la provoquent avec des organisations conçues pour mixer les modes de pensée, comme chez Lego. Ou l'encouragent financièrement par des primes, comme chez Cisco où les carottes peuvent aller jusqu'à 5000 euros. D'autres encore préfèrent offrir des crédits de temps à leurs salariés les plus créatifs comme chez SAS. Les uns et les autres s'interrogent, se remettent en cause, se contredisent parfois. Mais toujours réfléchissent, ce qui en soit, est déjà une forme d'innovation.

Du coup, on ne sait plus vers quelle boîte s'en aller. Vers l'entreprise velléitaire ou vers l'entreprise volontariste ?

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 28 mars 2010

Une réaction ? Un témoignage ? Le forum ci-dessous vous est ouvert.

Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

Vous aimerez aussi :