Chasse au gros au bureau : faut-il s’inspirer du modèle japonais ?

Sylvia Di Pasquale

Les députés du pays des Sumo sont facétieux. Ils ont légiféré et la loi est désormais appliquée : au Japon, les salariés de plus de 40 ans sont obligés d’avoir un tour de taille qui ne dépasse pas 85 centimètres pour les hommes et 90 pour les femmes. Au-delà, ils doivent se soigner sans quoi leur entreprise est mise à l’amende. Un texte destiné à lutter contre l’obésité, même si la population japonaise est la plus svelte de tous les pays industrialisés.

Un texte qui, de fait, génère un boom de la vente d’appareils de musculation et du business de la minceur. En tous cas, cette brillante initiative – rappelée dans sa livraison de décembre par le département Questions sociales du Centre d’analyse stratégique (CAS) – devrait inspirer nos législateurs. D’autant qu’en cas de désaccord entre les partenaires sociaux, ils devront échafauder au printemps des lois pour réformer le code du travail. A la manière de la loi anti-gros, nous leur suggérons quelques textes indispensables.

- Il conviendrait d’obliger les salariés français à ne pas dépasser une pointure 43 pour les hommes, et 39 pour les femmes. C’est la seule manière de relancer l’industrie de la chaussure en France. Car chacun sait qu’un soulier ou un escarpin de grande taille nécessite plus de matière première qu’un petit. Or les petites tailles sont généralement vendues au même prix que les grandes, d’où un gros manque à gagner.

- La barbe naissante tellement tendance, devrait, de la même manière être proscrite de l’entreprise. Dans un esprit de relance de la consommation de rasoirs, il est indispensable de pousser ces messieurs à se raser chaque matin, plutôt que de ne renouveler cette cérémonie qu’une fois par semaine.

- Le code du travail doit également intégrer un code couleur pour les cheveux. Le blond sera donc de rigueur pour les femmes, et le châtain maronnasse obligatoire pour les hommes. Celles et ceux qui sont nés d’une autre teinte ou qui, l’âge arrivant, auront viré au poivre et sel, voire au blanc neigeux, devront prendre rendez-vous chez un professionnel de la capilliculture. Manière habile de permettre à cette corporation de se développer et d’embaucher.

- Enfin, dans le but évident de limiter les déficits de la Sécurité sociale, il paraît urgent d’interdire la consommation d’antidépresseurs aux salariés français. L’ambiance de travail dans les entreprises y gagnerait en franchise ce qu’elle perdrait en sérénité. Une mesure qui s’impose d’autant plus qu’après l’adoption des trois lois précédentes, les travailleurs risquent de se précipiter sur ces produits.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 17 décembre 2012

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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