Chercheur d’emploi, joue-la comme Beckham

Sylvia Di Pasquale

Un salaire ? Pour quoi faire. Un CDI ? C’est pas pour lui. La précarité ? Voilà la bonne idée. La mobilité ? C’est le pied. David Beckham n’est pas seulement un senior du foot, c’est un exemple pour tous. Et pas seulement pour les chercheurs d’emploi. Les cadres en pleine négo salariale, en plein changement de poste et tous ceux qui convoitent une promo devraient en prendre de la graine. La nouvelle recrue du PSG vient de propulser le contrat de travail dans le XXIe siècle : celui de la défiscalisation totale et de l’exil salarial. Finie la marque employeur, place à la marque salarié.

Sa rémunération à Paris, évaluée à 2200 euros mensuels par Le Parisien – jugez de la somme colossale – sera reversée à une œuvre caritative. Son contrat, portant sur cinq mois seulement, lui éviterait d’être considéré comme résidant français. La tribu Beckham s’installera à Londres et le père de famille traversera le Channel pour aller au travail. Du coup, Bercy ne verra pas passer un seul fifrelin de ses quelques 31,5 millions d’euros de revenus annuels, glanés à coups de contrats publicitaires ou de sponsoring divers.

Un exemple à suivre. Avec méthode. Pour se faire recruter, un candidat devra désormais se la jouer comme Beckham, en suivant les 3 commandements de la recherche d’emploi :

- Le salaire minimum tu exigeras. Cadre ou pas, jamais le Smic ne dépassera

- Le CDI tu délaisseras et le CDD de courte durée tu chériras.

- A 500 km de chez toi tu travailleras, et les soirs de semaine dans un garni tu dormiras.

Vu comme ça, aucun recruteur ne saurait résister, et le marché de l’emploi devrait s’en trouver largement désembouteillé. On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi Beckham n’a pas été invité autour de la table de négociation où les partenaires sociaux ont échafaudé le nouveau pacte social. Parce que les salariés lambda, ou ceux qui voudraient l’être, ne peuvent espérer louer leur nom à des marques de parfum ou de fringues afin de se rémunérer en royalties ? Juste un détail que seuls les esprits chagrin qui rechignent à toute évolution auront relevé.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 4 février 2013

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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