Ciel, le siège de ma boîte est dans le cloud

Sylvia Di Pasquale

Ciel, le siège de ma boîte est dans le cloud

C’est drôlement chouette le télétravail. Plus besoin de s’engouffrer dans des transports surchargés, plus besoin d’écouter les casse-pieds qui nous empêchent de travailler. Et pour l’employeur aussi, c’est tout bénef, comme le rappelle cette étude opportune réalisée auprès de 25 000 personnes dans 12 pays. Elle démontre que le boulot à la maison, c’est bon pour la productivité et, plus fortiche encore, il rapproche les collaborateurs. Évidemment, l’enquête en question est réalisée par une boîte spécialisée dans la visioconférence qui n’allait pas se tirer une balle dans la webcam en décrétant le télétravail comme étant le nouveau grand isoloir.

Plus sérieusement, cette nouvelle forme de boulot est largement sollicitée par les salariés et, de plus en plus souvent par les employeurs, du moins ceux qui ont enfin quitté le XXᵉ siècle et constatent qu’un collaborateur ne travaille pas seulement à la schlag et sous l’œil inquisiteur de son N+1. Mais si la pratique s’installe doucement dans l’Hexagone, on ne mesure pas encore l’intégralité de ses effets.

Tandis que de l’autre côté de l’Atlantique, certaines entreprises digitales osent carrément digitaliser leur siège social. L’affaire se déroule à Soma, le quartier ultra hipsterisé de San Francisco, à une petite heure de la Silicon Valley. C’est là qu’Uber, Twitter et Airbnb sont installés, mais aussi Automattic, l’éditeur qui a notamment créé Wordpress, le logiciel dont se sert une bonne partie de la planète Internet et 75 millions de sites. Automattic a encouragé le télétravail avec un tel succès que « seulement cinq personnes viennent au bureau quotidiennement. Rapporté à la taille des locaux, cela fait 300 mètres carré par employé », explique son boss dans un podcast cité par l’Usine Digitale. Matt Mullenweg, le patron en question, n’étant pas fou, il a tout simplement fermé boutique et mis ses locaux en vente. D’autres entreprises américaines ont franchi, ou s’apprêtent à franchir, le pas.

Du coup, si l’entreprise devient totalement virtuelle, si le chacun chez soi prédomine, on peut se demander où est le rapprochement tant vanté par notre spécialiste de la visioconférence. Difficile de prévoir l’avenir de ces boîtes dont le siège social est dans le Cloud. Mais comment se portent les réticents au télétravail, comme Marisa Meyer ? En 2013, la patronne de Yahoo a demandé à ses troupes de reprendre le chemin du bureau et de « travailler côte à côte ». Mais s’ils ont retrouvé la route qui mène au boulot, ils n’ont pas pour autant retrouvé celle de la motivation. Aujourd’hui Marisa n’est plus chez Yahoo et le géant de l’Internet est un ex-géant. Télétravail ou bureautravail, personne ne sait plus aujourd’hui à quel boulot se vouer.

@Syl_DiPasquale ©Cadremploi.fr

Dessin de Charles Monnier

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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