Croire au “too big to fail” peut nuire grave à la carrière

Sylvia Di Pasquale

Le temps est au stress et les yaourts dégraissent. Ses ventes en Europe sont en érosion alors Danone veut des effectifs en réduction. Et ce sont les cadres qui dégustent : 900 postes de managers vont être supprimés sur le vieux continent d’ici l’an prochain, dont 236 en France. Il n’est pas question ici de débattre de la stratégie de ce challenger de l’agro-alimentaire. Mais de donner un écho à ce coup de semonce. Car il s’agit bien d’un signal envoyé aux cadres. A ceux qui se sentent bien au chaud dans leur poste. Ceux qui attendent des jours meilleurs pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Et puis, à quoi bon partir ? L’heure est encore au (presque) plein emploi pour les cadres. D’autant qu’on leur serine à longueur d’articles que les entreprises ont du mal à recruter des cols blancs, qu’elles se les arracheraient à coups de salaires alléchants.

Résultat de cette drague supposée : les cadres français sont parmi les moins mobiles d’Europe. Quand ils envisagent de s’en aller, c’est juste un petit chantage. Pour qu’on les retienne avec une petite augmentation. Ceux de chez Danone aussi devaient agir ainsi. Après tout, un job dans une multinationale comme ça, devait durer 1000 ans.

Bien sûr, nombre de ces insouciants ne le sont pas tant. Ils sont même 71% à vouloir se former cette année. Juste, comme ça, en attendant. En attendant quoi ? Que la crise s’arrête, que tout redevienne comme avant ? Un retour vers le futur qui les ramènerait en 2007.

Mais si nos économies nationales et internationales seront peut-être un jour assainies, elles en seront fondamentalement modifiées. Et pour éviter qu’elles le soient sans eux, les cadres attentistes ont tout intérêt à prendre le train avant qu’il ne s’arrête au terminus PSE. Un train de la formation, certes, mais aussi de la recherche active et de la veille opportuniste (qui n’est pas forcément un gros mot). Une démarche lourde ? Beaucoup moins lourde que celle qu’il faut effectuer contraint et forcé.

Sylvia Di Pasquale © cadremploi.fr – 25 février 2013

Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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