Car le télétravail, ça va un moment. Mais les papotis de machine à café, les clapotis des conversations téléphoniques trop fortes dans l’open space, avouons que ça nous manquait. Même les bouchons du matin pour rejoindre le bureau étaient rangés dans le classeur des douces nostalgies.
Sauf que, hormis les bouchons, qui pourraient même être plus importants qu’avant, la peur des transports en commun aidant, les autres menues réjouissances risquent de ne pas être au rendez-vous.
La machine à café ? Fermée, bouclée pour cause de nid à infection.
Le brouhaha des open spaces ? Entre le masque de chacun, qui va compliquer un tantinet les conversations téléphoniques et les parois en plexiglas installées entre chaque salarié, les journées risquent de se transformer en dialogue de carmélites. Car une paroi, même transparente, façon hygiaphone, n’est pas le décor le plus engageant pour se raconter la soirée de la veille.
Reste les couloirs. Sauf que non, on s’y croise, mais on respecte les gestes barrière. Et un mètre minimum pour dire tout bas du mal de Natacha des achats, est un défi à l’audition moyenne de tout bon citoyen.
On pourrait se consoler avec le petit resto du midi. Sauf qu’il ne va pas rouvrir de sitôt. Alors, chacun va ramener son petit frichti au bureau. On va le déguster devant son ordi, seul, puisqu’il ne faut pas trop s’approcher les uns des autres, à ce moment-là moins que jamais, puisqu’il faut bien retirer son masque pour déjeuner.
En fait, à partir du 11 mai, chaque entreprise va se transformer en une gigantesque carte de paiement en mode "sans contact".
Alors on va retourner au bureau dans un seul but :
Travailler, sans le moindre agrément qui rendait le boulot agréable.
Cet agrément qui manque tant en télétravaillant. Mais au bout de quelques jours, on s’apercevra que le télétravail en question, nous en donnait, finalement, un peu, de cet agrément social. Avec nos proches, sans gestes barrière et avec lesquels on papotait autour d’une table en partageant un plat non réchauffé. Quant à dire du mal de Natacha, on pouvait s’en tirer parfaitement par SMS, Whatsapp ou autre coin à econversation.
Finalement, on regrette toujours ce qu’on avait, et on espère toujours ce que l’on n’a pas.
Dessin de Charles Monnier pour Cadremploi.
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.