Dix pour cent, la série tendre avec le travail

Sylvia Di Pasquale

Dix pour cent, la série tendre avec le travail

Évoquer une série TV quand le dernier épisode a déjà été diffusé est aussi passionnant que de livrer le score d’un PSG-Barcelone qui s’est déjà (lamentablement) joué. Heureusement le replay est là pour nous rappeler que Dix pour cent est la meilleure série française depuis des lustres. Elle nous fait vivre de l’intérieur le métier d’agent de comédiens comme aucune n’avait osé le faire, mais en plus, elle est la plus juste vision de l’entreprise depuis tellement longtemps qu’à l’époque, la télé n’existait pas.

C’est qu’en général, c’est fatiguant le monde du travail au cinéma ou sur le petit écran. C’est pénible, usant, stressant et violent, comme dans le film Corporate de Nicolas Sihol. Bien sûr, il s’agit dans ce cas, comme dans celui d’autres films récents à l’instar de Toni Erdmann de Maren Ade ou la Loi du marché de Stéphane Brizé, de fictions, de parti pris des réalisateurs. Ils en ont parfaitement le droit, et sont absolument dans leur rôle lorsqu’ils nous livrent leur vision du boulot.

Sauf que nous, foules sentimentales, on a aussi besoin, de temps à autre, qu’on nous parle du boulot avec tendresse. Ce lieu de toutes les comédies humaines, les auteurs de Dix pour cent le racontent comme jamais, avec compassion pour ses névroses, ses coups de gueule, ses coups de pression et ses coups fourrés mais aussi ses drôleries, ses passions, ses amitiés et ses solidarités. Ils filment aussi la bouée de sauvetage que peut constituer le travail quand la vie de couple vacille (c’est le leitmotiv de la saison 2), ce qui arrive à chacun des quatre agents.

Bien sûr, ces derniers n’exercent pas un métier comme les autres. Eux, lorsqu’ils se rendent dans un salon professionnel, c’est le festival de Cannes. Eux, leurs clients ne sont ni BtoB ou BtoC, ce sont des stars de cinéma. Mais leur entreprise à clients difficiles n’est pas si différente des nôtres.

Quand ils changent de boss, ils changent de méthode de management. Quand ils s’engueulent en réunion, c’est pour la vie, ou du moins pour une demi-heure. Quand leur manager leur tend une carotte et la reprend, c’est parce qu’il gouverne à la moderne. Ils le haïssent, puis déjeunent avec lui. Dix pour cent est une comédie sur le travail, un drame du boulot, une comédie dramatique de la vie. Et pas seulement la vie de Fabrice Lucchini, Isabelle Adjani ou Julien Doré. C’est la vie de nombreux salariés avec ses pentes raides, ses descentes douces et ses faux plats. Pas une vie de rêve, mais pas non plus l’enfer montré au cinéma.

@Syl_DiPasquale

Dessin de Charles Monnier

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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