Et si le confinement jetait plutôt un froid sur le télétravail ?

Sylvia Di Pasquale

Combien de fois, ces derniers temps, a-t-on lu, entendu et vu cette sentence : « Le confinement a définitivement confirmé que le télétravail pouvait parfaitement fonctionner ». Une affirmation immédiatement suivie par une prédiction. « Et vous verrez, après cette période, il sera définitivement entré dans les mœurs et accepté par les managers qui étaient réticents jusqu’à présent. » Ce n'est pas si simple.
Et si le confinement jetait plutôt un froid sur le télétravail ?

Certes des managers réticents ont été convaincus que la terre, l’entreprise et leur service pouvaient continuer de tourner même quand leurs collaborateurs étaient confinés et travaillaient depuis leur canapé. Mais les collaborateurs en question ? Après 4, 5, 6 ou 8 semaines de confinement (en fonction du degré d’optimisme de chacun), combien d’entre eux voudront continuer l’expérience ? Même sans école à la maison à assurer…

En ce début de semaine 4 du confinement, le ton a changé.

 

A quoi rêvent les télétravailleurs du Coronavirus ?

 

Un peu de télétravail, c'était bien. Mais trop, c'est trop. Ras le bol du confinement et des réunions par écran interposés. Sans parler de ceux qui ont d’abord télétravaillé puis sont passés au chômage technique, avec le sentiment d’être abandonnés. Pour ces derniers, le télétravail est associé à « loin des yeux, danger ! ».

 

Les télétravailleurs forcés espèrent retrouver leur vie d’avant, entourés de collègues, de vraies machines à café, de ragots échangés, de couscous du vendredi payés avec les tickets-restaurants accumulés. Mais surtout pas de leur bureau improvisé dans le salon ou la chambre à coucher, surtout pas des confcalls, et encore moins des visio par Zoom, mails, slack, Whatsapp ou autres SMS. Quant aux e-apéros, e-cafés et autres e-rituels qui permettent de garder le lien, passée l’épiphanie de la nouveauté, ils ont du mal à pallier ce qu’ils sont censés remplacer : le contact humain dans des lieux physiques.

Ce que tous ces télétravailleurs confinés risquent de faire, c’est de retourner vers leur entreprise dès que le temps du grand déconfinement sera venu.

A nous les discussions d'ascenseur, les rencontres inopinées en marchant vers une réunion, les pauses café improvisées...

Et, avec le sens de la résilience que nous avons en commun,  nous aurons oublié les galères des transports pour se rendre au bureau, l'enfer des réunions à gogo et les galères de la promiscuité dans les open spaces.

Du coup, le télétravail risque d’être évité après le confinement, disons pour un certain temps. Le temps que les résilients que nous sommes se remettent à bouillir dans les bouchons et dans les open spaces. Et à ce moment-là, dans six mois ou un an, les managers désormais convaincus du bien-fondé du travail à la maison, comme les directeurs financiers, convaincus des économies en m2 à juste raison, leur proposeront un télétravail partiel qu’ils accepteront peut-être, malgré l’expérience mitigée du grand confinement.

Dessin de Charles Monnier

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

Vous aimerez aussi :