Managers 2012 : plutôt laxisme grec ou rigueur allemande ?

Sylvia Di Pasquale

C'est le pensum d'avant les fêtes. Le passage obligé avant le passage espéré. Celui du Père Noël et de sa hotte. Cette dernière étape avant le sapin, c'est, pour la plupart des managers, la négociation des budgets 2012. Une lutte auprès de laquelle, une discussion syndicats - patronat en temps de préavis de grève SNCF ressemble à un goûter d'anniversaire.

Surtout que de très nombreux dirigeants ont prévenu : l'an prochain, c'est tintin pour la hausse. Au mieux, il va falloir faire plus avec la même somme, au pire, faire autant avec moins de sous. Alors, devant ce mur du refus, les managers déploient en ce moment des stratégies d'évitement, des fronts du refus ou des entourloupes façon guérilla. En fait, on pourrait les classer, eux et leurs tactiques, comme les pays de la zone euro, actuellement en pleine panade et en pleine négo.

On connaît tous un collègue qui opte pour la stratégie grecque. Budget sans aucune ventilation, actions totalement inutiles mais présentées comme indispensables : il ne joue pas le collectif et tente de tirer la couverture à lui. Il y parvient, sous le regard noir des autres.

Il y a également le cadre allemand. Lui, c'est le bon élève. Il a fait des efforts pendant des années, et aujourd'hui, il veut en récolter les fruits. Pas question de céder une once de son budget pour le partager avec des cancres.

Il y a aussi le manager italien. Par ses frasques, il a réussi à se faire détester de tous. Surtout des patrons de la boite. Pourtant, ses collaborateurs sont au boulot. Les résultats sont là. Et s'ils défendaient eux-mêmes leur budget, il ne serait pas systématiquement retoqué par la direction.

Et puis, il y a le cadre français. Ses budgets précédents, il les a tous explosés, depuis très longtemps. Aujourd'hui, il voudrait tant que ses collègues mettent tous leurs sous dans une même cagnotte où chacun piocherait allégrement. Au grand dam du cadre Allemand.

Evidemment, les dirigeants des pays de la zone euro ne sont pas aussi caricaturaux et les cadres en pleine négo budgétaire ne sont pas si manichéens. Même si l'on retrouve quelques attitudes bien connues, à Bruxelles comme dans toutes les boites françaises. Reste que, dans la zone euro de Bruxelles comme dans la zone industrielle de banlieue, on en est encore et toujours à se demander s'il faut se la jouer solitaire ou solidaire.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 5 décembre 2011

 

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

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Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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