Faut-il (sans rire) chercher du boulot cet été ?

Sylvia Di Pasquale

C'est le débat qui scinde, la polémique qui segmente, la controverse qui déchire. Pour ou contre la recherche d’emploi pendant la trêve estivale ? Car jusqu’au 18 août prochain, au bas mot, la vie de bureau sera aussi agitée qu’une réunion du Conseil constitutionnel d’après déjeuner. Les recruteurs, qui sont aussi des êtres humains (juré !), ne résistent pas plus que leurs collègues au chant des sirènes estivales. Alors, ceux qui veulent changer de boulot se disent que le mercato attendra bien la rentrée.

Mauvaise pioche : essayer de changer de crèmerie pendant la fermeture supposée de l’été est, au contraire, une excellente idée. J'entends déjà les ronchonchons. « Non mais vous vivez sur une exoplanète, ma pauvre fille ? À qui ferez-vous croire que les services RH ne ferment pas en été ? » Pas deux mois, c'est certain et pas tous en même temps, c'est mathématique. Du 14 juillet au 15 août, dans ce délicieux trou noir du rien-glanding, subsistent quelques pépites qui, correctement exploitées, peuvent transformer l’été de leur chercheur d’or. C’est pas moi qui le prétend, mais les chiffres que l’on me tend. Les offres d’emploi sont traditionnellement en baisse en été ? Et encore plus cette année vue la mollesse de l'économie française. Certes. Mais si une chute de 20 % est notable, il ne faut pas négliger les 5 000 à 7 000 offres affichées au compteur. Et les ronchonchons de répliquer  « Oui mais, faute de décisionnaires, les sélections seront faites à la rentrée. Donc, postuler maintenant, c’est une perte de temps. »  Tout doux, bijoux.  Car n’oublions pas aussi que les rares candidats qui se jettent sur ces postes ouverts sont presque seuls au monde pour se les disputer. Beaucoup moins nombreux en tous cas que durant tout le reste de l’année. Et les recruteurs, plus disponibles, ont tendance à sortir de leurs sentiers battus. Certains me racontent qu’ils repêchent des CV qu’ils n’auraient jamais reçu le reste de l’année. D’autres prennent le temps de débriefer le candidat après l’entretien...

D’autant que les candidats malins n’ont plus besoin de rester enfermés dans la sous-pente surchauffée de leur pavillon transformée en bureau pour postuler. Les smartphones et les tablettes, vous en avez entendu parler ? Une alerte : on postule. Un coup de fil de recruteur : on répond poliment. Que l’on soit alangui dans un spa, en trekking au Kerala ou en glamping à Bormes-les-Mimosas. Pardon Fleur, vous avez vos pudeurs ? Vous n’osez pas avouer à ce DRH, qui voudrait vous recevoir en entretien, que vous êtes en vacances ? Détendez-vous. Les congés payés n’ont rien de honteux, ils sont même parfaitement légaux depuis 1936. Et votre interlocuteur rentre de vacances ou s’apprête à en prendre lui aussi. Alors pas de cachotteries inutiles, affichez clairement la couleur.

À la fin de cette conversation entre tongs, Weston, carrière et mouettes rieuses, il ne reste plus qu’à prendre date à la rentrée. Ce ne sera peut-être pas un rendez-vous pour une séance diapo avec les chouettes photos de Bornéo, mais un entretien sérieux entre gens reposés qui se seront connus au creux de l’été. Et poursuivrons peut-être plus loin leur aventure de vacances. En revanche, si le recruteur est impatient et insiste pour vous recevoir, vous êtes bon pour attraper un TGV, un avion ou un volant dans les 48 heures. À moins d’être à l’étranger ou d’être un profil hautement chassé, il sera difficile de jouer les divas.

Bel été à tous.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr

Vous avez été recruté(e) ou avez recruté en été ? Partagez votre expérience dans le forum ci-dessous. 

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

Vous aimerez aussi :