Fidèles les cadrettes, oui mais…

Sylvia Di Pasquale

Allons bon. Voilà que l’on découvre, quelques jours avant le 8 mars et la Journée des femmes, que les cadrettes changent plus souvent d’entreprise que les cadres. C’est Accenture qui le dit – dans une étude publiée en avant-première sur le site de La Tribune – après avoir interrogé 4 100 cols blancs dans 133 pays différents. Un mythe s’effondre, un mur de certitudes s’écroule, puisque bêtement, on s’imaginait des filles plan-plan, glanant patiemment les fruits de l’assiduité dans la même boite, pour aménager leurs horaires et s’occuper des rejetons, pendant que papa s’en va progresser d’un employeur à l’autre avec les journées à rallonge qui vont avec. Que nenni.

On les découvre plus zappeuses que ces messieurs. Certes, elles dépassent les garçons d’un cheveu puisqu’elles sont 24% à revendiquer une ancienneté de 4 à 6 ans dans la même entreprise, contre 26% pour les hommes. Mais là n’est pas le plus important. Lorsque l’on demande à ces dames si elles envisagent de changer d’entreprise au bout d’un à quatre ans de service, elles sont 40% à répondre par l’affirmative. Contre 28% des hommes. Devant cette volonté affichée de zapping professionnel, on peut envisager deux explications. L’un idyllique, l’autre plus sombre.

Explication n° 1 : les filles sont devenues les winneuses attendues. Les Christine Lagarde (FMI), Marissa Mayer (Yahoo !) et autres Sheryl Sandberg (Facebook) ont bel et bien servi de guides à toutes les autres. Telles des gouroutes, elles leur ont ouvert une voie dans laquelle toutes les filles se sont engouffrées, pour s’en aller faire de magnifiques carrières, d’une entreprise à l’autre, avec, à chaque nouvelle étape, les promos et les gains de salaires qui vont avec. Ça se passe comme ça au pays où tout le monde il est beau et gentil. Mais pas sûr que ça se passe comme ça par ici, dans la vie.

Explication n°2 : les femmes zappent peut-être d’une entreprise à l’autre dans le fol espoir d’en découvrir une où elles seront traitées sur un pied d’égalité salarial avec leurs homologues masculins. Une boîte où, à l’âge de 30 ans, le chef n’est pas méfiant lorsqu’elles demandent une promo – et le salaire qui va avec ! – et qu’elles n’ont pas encore d’enfants. Alors elles cherchent, elles explorent, et changent. Pas pour faire une méga carrière. Juste pour faire une carrière.

Pour la crédibilité de l’hypothèse 1, tapez 1, pour la seconde tapez 2. Pas sûr qu’il faille un huissier de justice et une enveloppe cachetée pour connaître le gagnant.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 4 mars 2013

Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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