Heureux comme un cadre augmenté en 2009

Sylvia Di Pasquale

Vous êtes de drôles de zigs quand même. Oui, vous, les cadres. Du moins les 1004 d'entre vous que nous avons interrogés avec l'Ifop, pour notre baromètre de décembre (1). Bien sûr, vous êtes au parfum qu'on est en pleine mouise. Et d'ailleurs, vous le dites à nos enquêteurs. Mais lorsqu'ils vous demandent si, malgré le grand chambard, vous allez demander une augmentation de salaire en ce début 2009, vous répondez majoritairement par l'affirmative. 55 % des cadres interrogés vont toquer à la porte des RH ces jours-ci pour demander une rallonge sur leur fiche de paie.

Quand même, ça nous laisse pas loin de 45 % de désespérés, persuadés qu'avec la crise qui court, obtenir un supplément de salaire est aussi coton que de gagner le Vendée Globe avec un fémur cassé ? Sauf que pas du tout. Car vous n'êtes que 8 % à ne pas vous précipiter pour des raisons de grosse crise mondiale. Les 37 % restants, s'ils ne demandent pas d'augmentation, c'est pour des raisons qui n'ont strictement rien à voir avec la conjoncture. Des raisons qu'ils n'ont pas voulu nous livrer. S'estiment-t-ils trop bien payés ? Ont-ils commis une grosse boulette en 2008 ? On ne saura pas. Mais toujours est-il qu'au final, seuls 8 % d'entre vous s'autocensurent pour cause de crise. Du moins à court terme. Et ça, c'est une surprise énorme.

Evidemment, on pourrait rapprocher cette stupéfaction de celle que nous avions eu en découvrant une étude de la Cegos. Le groupe de formation avait interrogé 162 DRH sur le même thème. Et majoritairement, ils affirmaient que «oui, bien sûr, évidemment, tout à fait » ils allaient augmenter leurs cadres en 2009 de 3,7 % en moyenne. On nous rétorquera que ce sondage date du mois d'octobre, que la débâcle n'était âgée que d'un tout petit mois et que nos responsables des ressources humaines n'avaient pas encore mesuré l'ampleur du désastre.

Quand même. Cet optimisme de part et d'autre de la ligne de front de l'augmentation pose instantanément le débat de la réaction collective face à un événement majeur comme celui qui nous tombe sur le coin de la civilisation. Tout bien considéré, deux explications se présentent. Soit vous, et tous les autres cadres optimistes, souquez ferme et joyeusement dans une même barque en compagnie de vos DRH, en étant persuadés que c'est la bonne manière de surfer sur la crête des vagues. Soit vous jouez tous ensemble un air gai sur le pont du Titanic en attendant qu'il coule. De grâce, ne nous demandez pas de choisir un bateau.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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