Intelligences RH artificielles : qui vont-elles augmenter ?

Sylvia Di Pasquale

Dans les allées du salon Solutions Ressources Humaines qui s’est tenu la semaine passée, l'IA promet de décharger les RH du fardeau des tâches répétitives. Mais jusqu'où la laisser faire ?

Dessin original de Charles Monnier pour Cadremploi

Intelligences RH artificielles : qui vont-elles augmenter ?
Dessin original de Charles Monnier pour Cadremploi

On ne va pas vous rejouer chaque semaine l’allégorie de Terminator et des robots qui dominent le monde. Pourtant, dans les allées du salon Solutions Ressources Humaines qui s’est tenu la semaine passée, Arnold n’aurait pas déparé. L'intelligence artificielle déferlant sur toutes les activités humaines, pourquoi les RH y échapperaient-elles. De stand en stand, une seule sarabande : faciliter la vie des professionnels des ressources humaines. 

C’est que les concepteurs d’IA affichent les meilleures intentions du monde à l’égard de ces pros : tous veulent les libérer des tâches répétitives. Et pour prendre en charge la basse besogne, rien ne vaut un petit bot avec ses bras musclés. Comme ceux de Yaggo. La start-up propose de s'occuper du rocher de tous les Sisyphes-recruteurs : répondre de façon personnalisée aux candidats. C’est bénef pour tout le monde : le récipiendaire de la missive garde une bonne image de l’entreprise malgré la déception – c’est la promesse –, et l’entreprise les données des candidats les plus pertinents pour elle.

Mais quid des autres tâches basiques des RH comme la gestion des congés, les demandes de formation, le suivi des carrières, l’épanouissement personnel… ? Pour tous ces fardeaux chronophages, heureusement Petra est là. Cette IA développée par Eroiq fait le job sans renâcler. Elle compile les petites données de tous en matière de comportement, de management, de performances business et hop : le robot régurgite ses recommandations en matière de formation. Cerise sur les relations sociales, Petra prémâche aussi les entretiens d’évaluation annuels. Un pur bonheur, un délice de responsable RH, un ravissement de salarié qui n’en demande pas tant.

Face à cette sollicitude digitale, il conviendrait de dresser devant le pas lourdement botté du Terminator un lit de pétales de roses. Mais en lançant les fleurs, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il adviendra des données aussi précises que nombreuses accumulées par les Petra et autres Yaggo. Ce que Jérémy Lamri ne manque pas de rappeler dans sa tribune pour le magazine Forbes dans laquelle il suggère de ne « pas jouer à l’apprenti sorcier. Comme par exemple avec cette expérience du MIT, enregistrant les conversations de collaborateurs, pour y déceler les changements dans la voix ou la durée, révélant les variations du niveau d’engagement. »

Reste qu’il est quasi impossible de renoncer à ces facilités destinées à soulager une part de pénibilité du travail et à optimiser la part qui peut l’être grâce aux bots. Mais on peut rêver à un comité d’éthique RH mondial, baptisé Hasta la vista baby, et qui veillerait au grain des intérêts humains.

@Syl_DiPasquale ©Cadremploi

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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