La guerre du CV falsifié n'aura pas lieu

Sylvia Di Pasquale

Les Pinocchio du CV n'ont pas dégrisé de la semaine. Il faut dire que l'accident industriel révélé la semaine dernière par Le Figaro.fr avait de quoi réjouir les menteurs. Ils ont appris en effet que, faute de clients, nombre d'officines spécialisées dans la vérification des CV ont ralenti voire stoppé leur activité en France.

Pourquoi ce désamour des recruteurs envers la chasse aux boniments ? Il semblerait que, selon les fins limiers interrogés par Marie Bratnick, « en France, cela fait partie du jeu d'enjoliver son CV. Les recruteurs se montrent souvent compréhensifs». Diantre, auraient-ils baissé la garde, submergés par trop de faux ?

Il semblerait plutôt que dans notre pays, les petits arrangements ne soient pas plus graves que cela. Et que finalement, un recruteur n'est pas un animal à sang froid puisqu'il laisse sa chance à l'enjoliveur. Mais attention, il est bien question de petits arrangements et de vérités enjolivées, et non de gros mensonges. Le recruteur laisse certes sa chance, mais c'est au candidat de la saisir et de prouver qu'il peut assumer ce qu'il a inscrit sur son CV - vrai ou faux - et se montrer à la hauteur des compétences qu'il avance.

De quoi être rassuré sur le peu d'hostilité des recruteurs au moment de l'embauche. Rassurés aussi sur ce complexe du CV que la France nourrit envers les pays anglo-saxons. Car c'est bien connu, en Angleterre et aux Etats-Unis, peu importe le curriculum, seul compte l'individu, ses compétences et son tempérament. Le triste sort que connaissent les « vérificateurs de parcours » chez nous prouve aussi une chose : dans l'Hexagone, le CV, n'a finalement pas l'importance démesurée que l'on souhaite trop souvent lui accorder.

Pas sûr néanmoins que le naturel ne revienne pas au galop. C'est l'autre intérêt de cet article du Figaro.fr qui révèle que près de 40 % des demandes (car il y en a encore) faites à ces drôles d'officines concernent des vérifications à posteriori, lorsque le candidat est embauché mais que son boss doute de ses capacités ou de sa loyauté. Surtout s'il envisage de le licencier.

L'entreprise ne baisse donc pas totalement la garde face aux menteurs même une fois la barrière de l'embauche franchie. En témoigne aussi l'invitée de David Abiker dans l'émission « On revient vers vous » de cette semaine. Ecoutez Elodie Bance, détective privée spécialisée dans les filatures de salariés pendant les heures de bureau, expliquer son métier de chasseuses de menteurs. De quoi dégriser les Pinocchio.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 11 avril 2011

Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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