La Position Du Démissionnaire #11 : Partir à cause de son manager

Sylvia Di Pasquale

[Chronique] Que se passe-t-il avant, pendant, après la démission ? Toujours à l’affût de vos expériences, je partage dans cette chronique ce que vous me racontez sur ce sujet gravement tendance. Cette semaine, Lola et Sébastien quittent leur boîte pour fuir leurs managers. L’une garde sa raison secrète, l’autre pas.
La Position Du Démissionnaire #11 : Partir à cause de son manager

Je ne sais pas vous, mais moi je vois de plus en plus de démissionnaires qui partent à cause de leur manager. C’est le cas de Lola. Elle vient de démissionner et en a bien entendu informé son boss, avant d’engager la procédure. Les raisons de son départ ? Elle n’en avait qu’une de raison : son boss, justement. Flou, fluctuant, usant. Plus que de freiner sa carrière, il lui faisait faire marche arrière.

 

Mais, au moment de l’entretien de départ, elle ne l’a pas affronté. Elle a simplement expliqué qu’on lui avait fait une proposition qu’elle n’a pas pu refuser. Une réponse en mode chatbot, automatique et glaciale.

 

Mais pourquoi ce choix du non-dit ?  Lola compte sur ses doigts :

1/ La peur de sa réaction 2/ la crainte de retomber sur lui dans une autre vie 3/ le manque de pratique du langage de vérité au boulot et 4/ la fainéantise qui nous envahit devant l’obstacle facile à contourner avec des platitudes.

 

Sébastien, lui, a foncé droit sur l’obstacle. Et, encouragé par ses collègues, il a tout déballé en vrac à son manager en prenant une grande respiration :

 

Ses manipulations à deux balles qui consistent à diviser pour mieux régner, son manque d’autorité qui se traduit par des colères, et son management infantilisant qui démotive toute l’équipe. De toute façon, je ne risquais plus rien.

 

En face, le manager n’a pas bronché. Totalement pétrifié. Sébastien a quitté le bureau et l’entreprise, mais quelques mois plus tard, il a croisé un ancien collègue :

 

Il m’a remercié parce que leur quotidien s'est un peu amélioré. Mon ex-manager avait mûri. Comme s’il avait entendu le message. J’aimais bien mes collègues, j'ai eu l'impression de leur avoir servi de porte-parole.

 

Le boss de Lola, quant à lui, n’a pas bougé d’un iota, persuadé qu’elle est partie pour un autre que lui, mais pas à cause de lui.

 

 Dessin de Charles Monnier

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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