La Position Du Démissionnaire #9 : laisser hennir les chevaux du désir

Sylvia Di Pasquale

[Chronique] Que se passe-t-il avant, pendant, après la démission ? Toujours à l’affût de vos expériences, je partage dans cette chronique ce que vous me racontez sur ce sujet hautement tendance. Cette semaine, Alice et Fabrice prouvent qu'il est parfois difficile d'écouter ses désirs. Alors qu'ils ont un autre rêve, ils n'arrivent pas à se décider à changer de job.
La Position Du Démissionnaire #9 : laisser hennir les chevaux du désir

Je ne sais pas vous, mais je croise de plus en plus souvent des collègues qui se rongent les sangs, car ils aimeraient tant. Mais ils sont bloqués, taraudés entre l’envie de faire autre chose et leur petit confort. Prenez Alice. Son truc, c’est l’orthophonie, pas le contrôle de gestion, qu’elle exerce à reculons.

Je voudrais changer de job. Mais c’est plus fort que moi, j’ose pas. Entre la formation à reprendre et le plongeon dans une nouvelle fonction, ça fout les chocottes.

 

Même si l’orthophonie manque de candidats comme jamais ? Même si financièrement, le risque est donc limité ? En fait, la véritable peur d’Alice, c’est le changement de vie.

 

Car un boulot, malgré ce que l’on en dit et ce que l’on en pense, malgré le détachement plus apparent que l’on colle à la génération Y et Z, c’est toujours plus qu’un job. Il continue à définir qui nous sommes. Et en changer, c’est se changer.

 

Fabrice aussi a du mal à endosser un nouveau costume. Lui, ne veut pas passer à un autre métier. Logisticien, il est et logisticien il veut rester

 

Je sais te livrer ton colis Amazon n'importe où dans le monde. Mais je m'en fiche. Moi ce qui me ferait tripper maintenant, c'est la logistique humanitaire.

 

En plus, il sait que Médecins du Monde et les autre ONG recrutent régulièrement des gens comme lui. Mais le pas, il ne le saute pas :

 

Tu comprends, ça fait quinze ans que je suis salarié, 7 ans que je suis dans la même boîte, avec mon confort, mes horaires bien cadrés et mes collègues sympas.

 

Difficile de lâcher tout ça d’un coup. En fait, ce qui manque à Alice et à Fabrice, c’est ce petit rien qui parait énorme. Ce petit quelque chose qui consiste à écouter son instinct et qui évitera les regrets plus tard.

Et pourquoi ne pas recourir à la dernière mesure gouvernementale, qui permet de toucher des indemnités de chômage après une démission ? Même si elle est loin d’être prête à utiliser, elle pourrait d’ici quelques mois donner du champ aux envies des salariés trop longtemps bridées.

Alors on enfourche le destrier de son avenir et on suit son instinct. Même si on prend malgré tout le temps d’en vérifier la fiabilité et la viabilité, tout en écoutant du Bashung.

Lire aussi >> Démissionner et toucher le chômage, une mesure peu incitative pour le moment

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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