L’affaire Baupin va-t-elle doper la lutte contre le sexisme en entreprise ?

Sylvia Di Pasquale

L’affaire Baupin va-t-elle doper la lutte contre le sexisme en entreprise ?

Ce n’est pas une boule de neige, c’est une avalanche qui part des bancs de l’Assemblée pour atterrir un jour peut-être devant la machine à café de toutes les boîtes françaises. Un effet d’entraînement déclenché par les révélations de France Inter et de Mediapart la semaine passée relatant le comportement on ne peut plus douteux de l’écologiste, député et vice (sic) président de l’Assemblée nationale Denis Baupin. La machine s’emballe et le scandale s’installe trouvant son acmé dimanche matin dans les colonnes du JDD, ou 17 femmes politiques de toute obédience s’engagent à dénoncer les remarques ou comportements sexistes et déplacés de leurs collègues masculins. Interrogée sur France 2, Nathalie Kosciusko-Morizet, a souhaité élargir le débat, expliquant que le harcèlement ne concerne pas seulement la politique, mais la société toute entière. Y compris les entreprises, donc, puisque, après tout, c’est le premier et plus important espace de lien social.

Mais une avalanche comme celle qui vient d’emporter les mauvaises blagues salaces et les mains aux fesses toute la semaine dernière arrête forcément sa course au fond de la vallée à un moment donné. Celle-ci retombera-t-elle comme tout soufflé médiatique remplacé par une autre affaire ? Certainement. Mais tout aussi certainement laissera-t-elle des traces, comme l’affaire DSK en avait laissées. Une affaire, comme celle qui vise Denis Baupin, est une pierre supplémentaire qui façonne la maison où le sexisme antédiluvien va finir par être enfermé. Mais pour l’instant, les portes en sont grandes ouvertes. 

Le récent colloque organisé par  le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle a rappelé que 80 % des femmes salariées considèrent qu’elles sont régulièrement confrontées à des attitudes ou des décisions sexistes. Et 92% d’entre elles pensent que ces actes leur font perdre confiance en elles. Quelques entreprises tentent bien d’enrayer le phénomène, tel le géant de l’intérim Randstad qui a formé ses managers et met ses salariés à l’amende à chaque blague sexiste. Ou cette entreprise du tertiaire, SGS, qui fait signer un code d’intégrité lors d’un entretien explicite.

Mais quelle entreprise met en avant cette lutte dans sa danse des sept voiles de la marque employeur ? Presqu’aucune et ce pour une raison toute bête : aucune fille, parmi celles qui ont la grande chance de pouvoir choisir leur boîte ne va en tenir compte dans ses critères de sélection. La coolitude des conditions de boulot et la conciergerie : oui. La lutte contre le sexisme : non. L’élu écologiste, et avant lui le directeur du FMI, contribueront peut-être, et très involontairement, à une future inversion de ces valeurs.

 

@Syl_DiPasquale © Cadremploi

Dessin de Charles Monnier

 

 

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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