Le dialogue social renaît dans le krach

Sylvia Di Pasquale

Et si l'une des conséquences de la crise actuelle était l'amélioration de la cohésion sociale, la baisse des inégalités et la remise au goût du jour des 35 heures ?

Ça y est, se dit l'internaute, voilà l'équipage de Cadremploi.fr en plein syndrome Christine Lagarde. Une maladie terrible, qui transforme celui qui la contracte en positiviste indécrottable.Voilà des gens, vous dites-vous, qui sont tombés dans le panneau de la patronne de Bercy et qui veulent nous faire prendre les vessies de la plus grosse crise mondiale depuis 80 ans, pour les lanternes d'une amélioration de nos conditions de boulot. On se calme. Et avant de nous jeter à la figure les actions sans valeur de Lehman Brothers, Fortis, Dexia et AIG (la liste n'est pas exhaustive), nous vous invitons à vous pencher sur les dernières réflexions de l'association Entreprise & Personnel, et sur celles de l'UIMM.

On ne présente plus l'Union industrielle des métiers de la métallurgie, antenne du Medef, et ses démêlés récents. Quant à Entreprise & Personnel, il s'agit d'une association de DRH, sorte de think tank des ressources humaines. Comme tout le monde, ces deux entités ont donné leur avis sur la crise de ces dernières semaines et comme tout le monde (sauf quelque ministre déjà cité), ils dressent un tableau de la situation méchamment sombre. Bref, c'est la mouise intégrale. Sauf que, tant les DRH que les maîtres des forges, pointent du doigt les problèmes sociaux qui risquent de leur tomber sur le coin du bureau. Et les premiers comme les seconds tentent d'expliquer à leurs confrères et adhérents que, pour que la crise financière ne dégénère pas en crise sociale grave, ils doivent calmer le jeu au maximum. Les spécialistes des ressources humaines prônent le dialogue en expliquant que, « l'exécutif doit renouer coûte que coûte la relation de confiance qui commençait à s'établir avec les syndicats ». Facile à dire, rétorquera le sceptique, puisque l'exécutif en question ne consulte pas forcément son DRH en fermant la porte de son bureau aux syndicats.

Mais l'UIMM y va elle aussi de son couplet modérateur en conseillant aux patrons de l'industrie d'y aller mollo sur le contournement des 35 heures. « Le jeu ne serait pas gagnant gagnant si la souplesse retrouvée devait s'accompagner d'un regain de tensions sociales » admettent les représentants des métallurgistes. Une prudence de sioux affichée de part et d'autre qui, si elle ne saurait contrecarrer l'effondrement de la bourse, pourrait au moins tenter de la contenir.

Évidemment, l'ouverture du dialogue comme solution ultime,et non pas comme première possibilité envisagée, est toujours d'actualité. Et toujours aussi malsaine. Mark Twain disait que « les deux seuls moments où un homme ne doit pas jouer en bourse, c'est quand il n'a pas d'argent. Et quand il en a ». On pourrait paraphraser le créateur de Tom Sawyer en indiquant que les deux seuls moments où il faut ouvrir le dialogue social, c'est quand tout va bien. Et quand tout va mal.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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