Et si, cette année, les secrets d’un CV gagnant tenaient en deux compétences clés : celles de flic et de pompier ? C’est en tous cas pour ces deux gènes dominants que Jeffrey Zients a été embauché par Barack Obama à l’un des postes les plus importants de la planète. Cet homme d’affaires de 47 ans sera à compter du 1ᵉʳ février le principal conseiller économique de la Maison Blanche. Ce qui lui a valu cette nomination ? Entre autres, son dernier fait d’armes : rien moins que le sauvetage du site Healthcare.gov., en rade depuis deux mois.
Pas vraiment une broutille donc. Le site américain, où des millions de personnes non couvertes par une assurance maladie étaient censées pouvoir s’inscrire pour bénéficier de la Sécu US mise en place par l’administration Obama, tournait péniblement à 100 000 connexions/mois avant son intervention.
Autant dire que le plantage du site allait bien au-delà d’un simple bug informatique. Il avait d’ailleurs provoqué la panique à Washington jusqu’à ce que les pontes de la White House se tournent vers cet homme, à leurs yeux le seul pompier capable d’éteindre l’incendie qui ravageait la crédibilité de l’exécutif. L’homme a débarqué avec ses méthodes qui ont fait leur preuve dans les boîtes qu’il a réparées et qui lui ont permis d’empocher, au passage, une fortune estimée à 200 millions de dollars.
Selon lui, l’organisation responsable du site souffrait de prises de décisions trop lentes, de responsabilités diluées et d’un management laxiste. Il a alors appliqué une méthode frappée au coin du bon sens et plutôt old school : clarifier les responsabilités de chacun, s’attacher aux détails et, surtout, contrôler le bon déroulement des tâches. Bref, fliquer un maximum ses collaborateurs. Avec, toutes les demi-heures, obligation pour ces derniers de lui adresser un mail sur les avancées réalisées. Et ça a marché. Aujourd’hui, le site est en état de marche, l’incendie est éteint et Barack a pu passer des fêtes tranquilles, en jouant au golf à Hawaï.
Evidemment, la réussite de Zients, et ses bonnes vieilles méthodes de micro-management font un gigantesque pied de nez à toutes les modes managériales actuelles, inculquées dans les écoles, tentées dans les entreprises et ingurgitées par les cadres au cours des milliers de séminaires et sessions de formation destinés à les centrer sur le management en « if », qu’il soit « participatif » ou « délégatif ». Et si, en temps de crise et d’urgence pour en sortir, le recours aux flics et aux pompiers devenait indispensable ?
Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 6 janvier 2014

Dessin par Charles © Monnier Cadremploi.fr
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.