Le Vendée Globe, course d'avatars

Sylvia Di Pasquale

Ce n’est pas une vague de succès, mais une déferlante. Le Vendée Globe, dont le départ a été donné ce samedi, a attiré tous les micros, caméras et stylos de la terre médiatique et près d’1 million de spectateurs de la terre ferme, celle des pontons des Sables d’Olonnes. Un record pour la septième édition de cette course, la plus difficile du monde.

Mais ce que les télés, les radios, les journaux et les badauds sont venus ausculter ou admirer, ce ne sont pas les cathédrales de carbone qui vont enquiller sept mers et franchir trois caps. Mais les 19 tout petits bonshommes et cette femme qui vont tenter de les maîtriser, seuls, pendant trois mois. Pour arriver au bout d’un truc tellement énorme, tellement plus grand qu’eux, que la victoire dans ce tour du monde sans la moindre escale, n’est qu’un tout petit bonus supplémentaire.

Cet engouement n’est donc qu’un simple hommage rendu aux hommes, pas aux machines, pas aux éléments, pas aux organisations. Un engouement bienveillant et somme toute logique à l’heure où d’autres embruns secouent d’autres esquifs. Des coquilles de noix TPE, ou des super-tankers CAC 40. A l’heure où les marins, mousses ou capitaines, sont englués dans un pot-au-noir sans la moindre brise de croissance, ou ballotés dans les rugissants d’une restructuration.

Le million de badauds qui a tenté de s’approcher des vingt skippers, et les millions d’autres qui les ont vus à la télé voient peut-être en eux leur avatar, leur double version super-héros, surfant et se battant sur les vagues de la crise, à leur place. Comme les 200 000 autres qui ont pris le départ de la course via l'application VirtualRegatta derrière leur écran. Comme eux, ils se sentent parfois furieusement seuls face à l’océan des emmerdements professionnels qu’ils s’attendent à affronter. Ou que d’autres qu’eux sont en train de défier. Sauf que l’entreprise doit être, en principe, l’inverse d’une course en solitaire : une régate à l’équipage solide et au skipper averti. Même si les avaries n’épargnent pas toujours de telles courses.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 5 novembre 2012

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

 

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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