Les bonnes raisons de suivre les Jeux paralympiques

Sylvia Di Pasquale

Les bonnes raisons de suivre les Jeux paralympiques

C’est énorme. La cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques de Rio a été suivie par 1,6 million de téléspectateurs. Et depuis mercredi dernier, les audiences sont au beau fixe pour France Télévisions qui diffuse, chaque soir, les épreuves en direct. Évidemment, on est loin d’un carton type The Voice qui frôle les 5 millions, mais personne, il y a quelque temps encore, n’aurait misé un fifrelin sur un tel succès.

Du coup, on s’interroge et on élimine les mauvaises raisons de ce plébiscite. La pitié devant les exploits de ces cassés de la vie ? Elle ne saurait perdurer plus d’une soirée. Un goût de revenez-y pour se souvenir des JO de cet été ? L’explication ne vaut pas tripette. En fait, ces Jeux paralympiques 2016 font peut-être naître un nouveau sentiment, et un nouveau regard sur les personnes handicapées. Un sentiment mêlé de surprise, d’étonnement et de beaucoup d’admiration pour ces athlètes. Car on n’assiste pas à la retransmission des épreuves en se demandant simplement si un Michael Phelps en fauteuil ou un Usain Bolt à prothèses va ramasser l’or. Peu importe la couleur de la médaille aux Jeux paralympiques : ce qui se déroule devant nos yeux, c’est le dépassement de soi.

Et peu importe que le record du 100 mètres dépasse de plus de 2 secondes celui de l’intouchable Jamaïcain. Peu importe que le pongiste égyptien qui tient sa raquette dans sa bouche gagne sa partie, on applaudit sa virtuosité. Comme on applaudit la force musculaire des nageurs parfois amputés des quatre membres. Et surtout, on est bien obligé de faire le constat : ces hommes et ces femmes, chacun dans leur discipline, jouent bien mieux et explosent des temps que nous autres, tout valides que nous soyons, sommes bien incapables d’atteindre..

Bien sûr, dans une petite semaine, quand la flamme s’éteindra, tous ces héros rejoindront un anonymat imposé par le zapping de l’actualité. Mais on ne peut s’empêcher de penser, et d’espérer, qu’une persistance rétinienne aura changé le regard des valides sur eux, et sur tous ceux qui sont comme eux. Et pas seulement dans les stades, mais dans la rue, en entretien de recrutement, ou au travail. En complément des initiatives qui font bouger les lignes, comme celles que nous a signalées l’ami Pete Stone dans sa dernière livraison par exemple. Hilarante et sensible parce qu’on n’est pas toujours obligé « d’avoir un ton hyperdramatique pour parler du handicap, » comme le défendent ces salariés du Conseil général des Yvelines dans cette vidéo

Ces Jeux auront peut-être servi à ça : qu’on ne les regarde plus d’en haut, en plongée, mais qu’on lève la tête vers eux, en contre-plongée. Ou, qu’au moins, on les dévisage à hauteur égale. À hauteur d’homme. 

@Syl_DiPasquale ©Cadremploi

Dessin de Charles Monnier ©Cadremploi

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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