Ça claque dans la bouche des uns, et ça vibre dans la tête des autres. Les soft skills sont devenus au petit monde du recrutement ce que le Graal était aux chevaliers de la Table ronde : un truc tendance, fédérateur, improbable et trop cool. Les tables ne sont plus rondes, mais les entreprises ont transposé Kaamelot au temps de l’open space.
Qu’un recruteur déclare son attrait pour ces compétences autres que techniques (traduction dégraissée de l’anglais ‘’compétences douces’’), et il est sûr d’attirer tous les preux de Cornouailles ou des Carmélides vers son roi Arthur.
Il faut dire que cette ruée vers l’or noir des ‘’compétences douces’’ est inspirée par le dieu Google himself. Parue fin 2017, une étude réalisée par ses RH révélait au monde ébahi que les collaborateurs les plus efficaces n’étaient pas les plus brillants cerveaux mais ceux dotés de qualités humaines. L'info relayée par le Washington Post, il n’en fallait pas plus pour inspirer nombre d’observateurs des Gafa, ou de start-ups qui rêvent de le devenir. Depuis, on ne compte plus les articles expliquant l’importance de ces caractéristiques personnelles qui relèvent de la personnalité.
Selon eux, être une bête relationnelle, un king du proactif, un prince de l’écoute, seraient des qualités aussi importantes, voire plus cruciales, que les bonnes vieilles compétences techniques acquises avec l’expérience.
Mais dans la vraie vie des entreprises plus tradi’, qui sont non seulement nombreuses, mais très majoritaires pour le moment, le recrutement n’est pas vraiment constitué du même sirop.
Selon le cabinet de recrutement Robert Half, ces soft skills sont même le dernier critère pris en compte par les recruteurs, loin, très loin, de l’expérience et du potentiel.
Oui mais, répliquerons les défenseurs de la douceur, ça s’applique à des secteurs aussi vieux que l’industrie ou la logistique. Justement non. Pour parvenir à ces résultats, le cabinet Robert Half s'est focalisé sur des recruteurs sensibles au numérique puisqu'il a sondé 202 DSI en plus de 302 DG.
Du coup, si la quête des soft skills n'est en réalité qu'une tocade marketing de plus, que doit faire le candidat ? Rester sobre ou au contraire les valoriser sur son CV ? Tout le monde est perdant si ce colin-maillard de l’embauche perdure. Car les candidats jouant des compétences douces au détriment des dures, risquent de ne pas aller au bout du processus de recrutement. Et les recruteurs de passer à côté de candidats mal conseillés.
>> Lire aussi : Comment parler de ses soft skills sur son CV
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.