Mal payées les filles ? Meuuh non

Faut-il le rappeler ? La disparité hommes-femmes en matière de rémunération a la vie aussi dure qu’une tortue des Galapagos. Elle serait même de 22% selon la dernière étude Deloitte – Nomination.fr publiée cette semaine. Pas grand-chose, donc, de bien neuf au royaume des enquêtes de rentrée. Sauf que, pour la première fois, cette-dernière sort un autre chiffre, drôlement plus révélateur de l’état de l’inégalité qui sévit dans les entreprises françaises.

C’est que parmi les filles interrogées, seules 10 % estiment être plus mal payées que leurs homologues masculins. Seraient-elles fâchées avec l’arithmétique ? Le cabinet d’audit et le site qui narre les mouvements des cadres n’auraient-ils interrogé que des benêtes ? En fait, les dames qui ont très majoritairement constaté qu’elles étaient payées comme leurs collègues mâles se sont contentées de comparer ce qui est comparable : le même poste que le leur, payé à la même hauteur lorsque c’est un représentant de la gent masculine qui l’occupe.

Mais alors, où se nichent les 22 % de disparité constatées ? Dans le grand mélange de l’ensemble de la masse salariale, où les toutes petites rémunérations s’ajoutent aux très grosses fiches de paie. Où les bonnes grosses fonctions de décisions décisives s’additionnent à celles, plus annexes, gentiment appelées « support ». C’est ainsi que 6 filles sur 10 se retrouvent dans la com, le marketing ou les RH. Alors que 6 hommes sur 10 sont à la direction commerciale, financière ou générale. Des postes évidemment mieux payés.

Inutile donc de se focaliser sur les lois de parité salariale puisque, on le voit, elles sont globalement respectées. Il vaut mieux, évidemment se concentrer sur les a priori des décideurs à nommer des filles et sur les a priori des filles elles-mêmes à demander des promos. Des plafonds culturels et des plafonds de verre impossibles à percer avec un simple marteau juridique.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 10 septembre 2012

Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr