Manager aujourd’hui : « Vous pouvez préciser ? »

Sylvia Di Pasquale

Manager aujourd’hui : « Vous pouvez préciser ? »

Un bon dessin vaut parfois mieux qu’un long article. Celui de Milon – qui vient de remporter le Prix spécial du public* lors du Salon du Management –  en remplace deux. Comme toute belle œuvre qui se respecte, ce petit dialogue entre un dirigeant et l’un de ses managers n’échappe pas à deux lectures possibles.

La réponse du cadre, à qui son équipe reproche son manque de communication, peut s’entendre d’une manière on ne peut plus simple : l’homme est tellement éloigné de ses collaborateurs qu’il ne sait même pas qu’ils existent. Cette simple réflexion aurait-elle mérité à elle seule d’être distinguée parmi les 130 autres dessins ? Pas vraiment.

Sauf que chez Milon, un coup de crayon peut en cacher un autre, beaucoup plus taquin et beaucoup plus d’actualité.

Car le dessinateur est peut-être en train de pourfendre, avec une certaine finesse, la grande affaire du moment : le management participatif qui sévit dans les entreprises. Par ici, les beaux projets transverses. Par-là, la coopération de tous aux décisions. Par ici encore les décloisonnements tellement plus efficients. Sauf que dans cette nouvelle horizontalité tous azimuts, que devient le cadre encadrant, le N+1, le chef ? Lui-même n’en sait plus rien.

On lui dit de manager avec bienveillance, en accompagnant, pas en dirigeant. On lui demande aussi de rester « open » lorsqu’un autre service que le sien à besoin des compétences de ses collaborateurs. Alors il se demande qui il est. Un coach ? Un expert ? Un gestionnaire de planning ? Un happiness officer ?

Ce doute, Jean-Michel Milon l’a parfaitement saisi. Il faut dire que sa source d’inspiration n’est pas sa seule imagination : il est également coach au sein du cabinet BPI Group. Ses idées lui viennent en écoutant ses clients lors d’entretiens d’outplacement, avoue-t-il. Un poste d’observation d'où il croque la réalité parfois tragi-comique du monde du travail.

Heureusement, l’humanité n’est jamais à court d’idées. Remplacer le management vertical par un autre processus qui permet de redistribuer le pouvoir ? Certains l’ont fait, ils témoignent sur leur lâcher prise. D’autres ont appris à adopter une « méta position ». Souriez, il n’y a pas de fatalité.

@Syl_DiPasquale ©Cadremploi

* Dessin de Milon, lauréat du Prix du public organisé par le premier Salon du Management des 14 et 15 novembre derniers (Maison du management)


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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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