
Un bon dessin vaut parfois mieux qu’un long article. Celui de Milon – qui vient de remporter le Prix spécial du public* lors du Salon du Management – en remplace deux. Comme toute belle œuvre qui se respecte, ce petit dialogue entre un dirigeant et l’un de ses managers n’échappe pas à deux lectures possibles.
La réponse du cadre, à qui son équipe reproche son manque de communication, peut s’entendre d’une manière on ne peut plus simple : l’homme est tellement éloigné de ses collaborateurs qu’il ne sait même pas qu’ils existent. Cette simple réflexion aurait-elle mérité à elle seule d’être distinguée parmi les 130 autres dessins ? Pas vraiment.
Sauf que chez Milon, un coup de crayon peut en cacher un autre, beaucoup plus taquin et beaucoup plus d’actualité.
Car le dessinateur est peut-être en train de pourfendre, avec une certaine finesse, la grande affaire du moment : le management participatif qui sévit dans les entreprises. Par ici, les beaux projets transverses. Par-là, la coopération de tous aux décisions. Par ici encore les décloisonnements tellement plus efficients. Sauf que dans cette nouvelle horizontalité tous azimuts, que devient le cadre encadrant, le N+1, le chef ? Lui-même n’en sait plus rien.
On lui dit de manager avec bienveillance, en accompagnant, pas en dirigeant. On lui demande aussi de rester « open » lorsqu’un autre service que le sien à besoin des compétences de ses collaborateurs. Alors il se demande qui il est. Un coach ? Un expert ? Un gestionnaire de planning ? Un happiness officer ?
Ce doute, Jean-Michel Milon l’a parfaitement saisi. Il faut dire que sa source d’inspiration n’est pas sa seule imagination : il est également coach au sein du cabinet BPI Group. Ses idées lui viennent en écoutant ses clients lors d’entretiens d’outplacement, avoue-t-il. Un poste d’observation d'où il croque la réalité parfois tragi-comique du monde du travail.
Heureusement, l’humanité n’est jamais à court d’idées. Remplacer le management vertical par un autre processus qui permet de redistribuer le pouvoir ? Certains l’ont fait, ils témoignent sur leur lâcher prise. D’autres ont appris à adopter une « méta position ». Souriez, il n’y a pas de fatalité.
@Syl_DiPasquale ©Cadremploi
* Dessin de Milon, lauréat du Prix du public organisé par le premier Salon du Management des 14 et 15 novembre derniers (Maison du management)
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Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.